Témoignage Anne LEJEUNE, ancienne apprenante du DU Personnes en situation de handicap : droits fondamentaux et inclusion sociale

Quel est votre parcours ?

Je suis en situation de handicap depuis mon enfance, mais j’ai fait un parcours scolaire, universitaire, et maintenant professionnel intégralement en « milieu ordinaire ». Au cours de ce parcours, la question de la situation de handicap n’a été finalement que peu abordée : elle a simplement été masquée.

J’ai souhaité à un point de mon parcours, diminuer la part d’invisibilisation de cette problématique – aussi parce que j’ai estimé à un moment que cela m’apparaissait possible – et que mon expérience, et vécu servent sur ce terrain : que ce vécu serve à moi-même et aux autres donc. Déterminant que je n’en savais probablement pas assez, j’ai souhaité me former.

Pourquoi avoir choisi le DU Personnes en situation de handicap : droits fondamentaux et inclusion sociale ?

Le format m’apparaissait compatible avec mon activité professionnelle. La mouture évoquait par ailleurs la formation de « référents handicap » au sein d’entreprises, ce qui correspondait à ce que je souhaitais promouvoir au moment où j’ai cherché une formation. Mais, dans les faits, j’ai appris bien plus.

Quels sont selon vous les atouts de cette formation ?

Le format « court » est un avantage pour ceux dont les emplois du temps sont chargés. Les intervenants balayent un champ de thématiques globales riches et diversifiées, qui invitent pour la plupart à des questionnements profonds. En tant que personne en situation de handicap et en ce qui me concerne, j’ai appris, à ma grande surprise, également sur moi-même pendant ce temps de formation. Les thématiques ne laissent personne indifférent, et je pense que chacun dans la promotion de cette année, garde un souvenir d’expériences et de rencontres humaines, avec soi et/ou avec les autres, assez profondes.

On peut espérer que, combiné avec les enseignements dispensés, qui sont centrés sur les droits des personnes en situations de handicap, la dynamique ainsi favorisée puisse être transformatrice dans le parcours des apprenants, entre avant et après la formation.

Comment la formation vous a-t-elle aidé à mieux appréhender votre carrière professionnelle ?

Connaître ses droits est important. C’est une base de l’assertivité que d’avoir conscience du contexte dans lequel on évolue et de pouvoir factuellement l’appréhender, avec compétence. La formation n’a fait que renforcer la dynamique qui a initié mon souhait d’intégrer la formation, avec une prise de conscience que j’étais maintenant dépositaire de savoirs qui pouvaient bénéficier à tous, en dépit de toutes les difficultés rencontrées à ce jour. C’est psychologiquement très libérateur, en particulier lorsque la situation de handicap n'est que partiellement assumée. En anglais, on peut aller plus loin et parler d’ « empowerment ».

Que diriez-vous à un.e étudiant.e /professionnel.le qui souhaiterait rejoindre cette formation ?

Pour une personne en situation de handicap qui jouit de la possibilité de verbaliser sa situation, l’investissement en temps, malgré la production d’un mémoire nécessairement demandeur, ne peut à mon sens qu’être profitable. Ce qu’on y gagne dépasse largement les contraintes à supporter (sous réserve de chaque cas particulier bien sûr).

Plus largement, toute personne en situation de handicap devrait, au moins une fois au cours de son parcours de vie, suivre un enseignement qui la concerne à ce point directement. A mon sens, ce type de formation est donc fondamentalement indispensable.

Cependant, il est préférable de la mettre dès le départ au service d’un projet que l’on souhaite porter, projet qui aura été pensé en amont, car les six mois passent vite, et le but des enseignements n’est pas de déterminer ledit projet, mais davantage de le nourrir et d’enrichir la réflexion, en permettant au surplus des échanges. C’est, je pense ainsi que la formation sera, comme un vrai catalyseur, appréhendée avec plus de satisfaction.

Pour les étudiant.e(s) /professionnel.le(s) qui ne sont pas en situation en handicap et qui considèrent intégrer la formation -  démarche que je salue au plus point – au même titre que celle de celles et ceux qui permettent à cette formation d’exister - le même raisonnement trouve à s’appliquer. En effet, d’une part le principe d’une société inclusive est que tout le monde y trouve une place, et d’autre part, on ressent bien au cours de la formation à quel point les enseignements dispensés touchent, au fond, à l’universalité de l’humanité. Vous ne trouverez que de belles découvertes.