Fondation UCLY 1875

Philosophie : 90 ans de tradition et de modernité

Joyeux anniversaire à la Faculté de Philosophie de l’UCLy, qui fête cette année ses 90 ans. 90 ans... Et même plus ! En effet, si la Faculté de Philosophie a été créée en 1932, la philo s'inscrit aux programmes de la Faculté de Lettres dès la fondation de l'université, en 1875. Une longue Histoire qui laisse derrière elle un riche héritage de pensée, de recherche et de pédagogie.

Un travail interdisciplinaire

 « On ne peut pas faire de théologie sans devenir philosophe. » Le mot nous vient de Stanislas Breton, un grand nom de la philosophie de l’UCLy. Dès ses débuts, la pensée philosophique de l’université ne se limite pas à une seule discipline. Elle est pratiquée côte à côte par les séminaristes et les étudiants laïcs de la Faculté de Lettres. Ensemble, ils représentent la moitié des étudiants de l’université. Les autres sont surtout des étudiants en Droit, à qui il arrive aussi parfois de plancher sur la justice ou l’éthique…

Stanislas Breton (1912-2005)

Stanislas Breton, théologien et prêtre passionniste, était aussi un philosophe inspiré, auteur d’une quarantaine d’ouvrages. Loin de se contenter de la pensée scolastique familière aux théologiens, Breton est à la pointe de la philosophie de son époque. Au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale, il enseigne Marx (en latin !) à l’université pontificale de Rome, avant de devenir enseignant à l’UCLy et à l’Institut Catholique de Paris. « Grand métaphysicien », spécialiste de Nicolai Hartmann, il est l’une des grandes figures du néoplatonisme. A partir de 1970, il devient enseignant à l’École Normale Supérieure de Paris.

Stanislas Breton, théologien et philosophe, enseignant à l'UCLy.

De ces débuts, la philosophie enseignée à l’UCLy a conservé une tradition vivace de dialogue interdisciplinaire. La relation entre Philosophie et Théologie perdure aujourd’hui avec la revue Théophilyon, mais de plus en plus de disciplines viennent enrichir cette pratique. L’ESTBB, École d’ingénieurs en biotechnologies, propose désormais une licence « Science de la Vie, Biologie et Humanités », et l’ESDES mêle business et lettres avec le cycle Master « Management, Sciences Humaine & Innovation ».

L’humanisme chrétien en héritage

Les penseurs passés par l’UCLy ont laissé derrière eux un héritage intellectuel qui perdure, le cœur des valeurs de l’humanisme chrétien. « Ce courant de pensée cherche à maintenir le sens de l’humain dans notre société » explique Pascal Marin, actuel Doyen de la Faculté de Philosophie.

Depuis la fondation de l’UCLy de nombreux enseignants sont venus apporter leur pierre à cet édifice. Qu'ils aient été spécialistes de la pensée scolastique de Saint-Thomas d’Aquin, de la philosophie antique, de la métaphysique, et jusqu’à la pensée contemporaine, une question s’inscrit en filigrane de leurs questionnements. Face à la religion, la société, l’économie, la science…Quelle est la place de l’homme ?

Pour Pascal Marin, reprendre le flambeau de cet héritage fait partie de la responsabilité universitaire et sociale de l’UCLy. L’humanisme chrétien est toujours plus d’actualité dans un monde marqué par l’accélération constante des nouvelles technologies, confronté au réchauffement climatique, à la montée des inégalités, au transhumanisme. « C’est aujourd’hui un contre-discours d’affirmer que l’humain n’est pas une machine… »

Alfred Ancel (1898-1984)

Figure emblématique de l’humanisme chrétien, Alfred Ancel était présent aux débuts de la Faculté de Philosophie de l’UCLy, ou il enseigne de 1932 à 1943. Issu d’une grande famille d’industriels, Alfred Ancel choisit de devenir prêtre et de s’engager auprès des travailleurs et rejoint les rangs des prêtres-ouvriers. Il étudie Marx et Lénine et cherche à proposer au sein même de l’usine une alternative chrétienne, sociale, et morale, au communisme. Malgré l’interdiction des prêtres ouvriers par Rome, il obtient une dérogation et devient le seul et unique évêque-ouvrier de l’Église. En 1965, il participera  au concile Vatican II.

Alfred Ancel, prêtre-ouvrier et enseignant à la Faculté de Philosophie de l'UCLy.

Cette responsabilité, c’est aussi celle du respect d’une Faculté « à taille humaine ». Selon la tradition millénaire, la philosophie ne s’enseigne pas que dans les livres ou au travers de cours magistraux... Avec ses élèves, Socrate parle et pose des questions, il guide à travers l’échange. En conservant des effectifs raisonnable, les enseignants de l'UCLy peuvent faire de même. « Le dialogue est à la base de la philosophie » explique Pascal Marin. « Nous essayons toujours de préserver cette relation entre enseignants et étudiants, et proposer un accompagnement individualisé à chacun. Ce qui est important n'est pas seulement leurs résultats, c'est aussi leur bien-être. »

Une philosophie des portes ouvertes

Dans les années soixante, René Le Trocquer devient Doyen de la Faculté de Philosophie dans une situation inédite. Mai 68 est passé par là, les effectifs étudiants sont en baisse, ceux des séminaristes s’effondrent... Pour perdurer, la Faculté doit se « décloisonner », accueillir de nouveaux publics sans perdre son identité. Heureusement pour la Faculté, des Doyens inventifs vont se succéder pour « redynamiser » la philosophie en se tournant vers l’université publique.

En 1970, René Le Trocquer participe à la création de l’IREP (Institut de Recherche et d’Enseignement Philosophique), en partenariat avec l’université Grenoble Alpes. C’est la première structure à permettre aux étudiants d’obtenir un diplôme canonique et un diplôme de licence, une petite révolution dans le monde de l’université catholique. Depuis, cette pratique est devenue la norme. La Faculté travaille depuis 2003 avec l’Université Lyon 3 pour délivrer un diplôme d’État à ses étudiants en licence.

Pierre Gire (1949-2018)

« Pierre Gire a contribué à redynamiser l’UCLy, qui était un peu en perte de vitesse ». Doyen de la Faculté de 1986 à 1993, puis de nouveau de 1999 à 2005, le travail de Pierre Gire a marqué l’entrée dans « l’ère moderne » de la Faculté de Philosophie. Disciple de Stanislas Breton, Pierre Gire s’attache à développer l’étude de la pensée médiévale, devenue depuis l’une des spécialités de l’UCLy. Surtout, il tisse des liens proches avec l’université publique, notamment les universités de Lyon 2 et Lyon 3.

Pierre Gire - UCLy

Les liens de l’UCLy avec d’autres universités ne s’arrêtent pas aux frontières de la France. Le premier Doyen de la Faculté, Régis Jolivet, avait mené des recherches en Algérie, en Suisse, au Brésil ou en Argentine. En 1957, il participe à la fondation du Centre d’études de Carthage, à Tunis. Cette ouverture internationale s’est maintenue jusqu’à nos jours. En 2011, l’UCLy a signé une convention de partenariat avec l’Université de Pérouse et l’UCLy accueille régulièrement des professeurs et étudiants italiens.

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