La Fac de Philo a fait sa rentrée

Lundi 13 septembre, la Faculté de Philosophie était heureuse de retrouver ses étudiants et auditeurs autour de moments d'échanges et de partage

Bienvenue aux nouveaux étudiants de première année

Plus d’une trentaine d’étudiants et étudiantes de première année, le plaisir de retrouver celles et ceux des années supérieures, en Licence, Master ou Doctorat, la joie fut grande de se réunir pour cette après-midi et cette soirée de pré-rentrée ; joie simple, et espérance que cela continue, d’être simplement ensemble, en présence, pour ce qui nous rassemble, le goût du savoir, la soif d’apprendre, la passion de l’étude. À des degrés variés, certes, mais bien réels.

Les étudiants de L1 bien sûr sont précieux pour les plus avancés dans le parcours philosophique, occasion de se rappeler ses premiers choix, ou sa réorientation pour l’amour de la sagesse. Joie aussi de voir des jeunes qui continuent de vouloir philosopher et d'interroger le sens de leur existence. Joie enfin de rencontrer des profils nouveaux et très variés, loin des stéréotypes de l’étudiant de philo dilettante et perché.

Après la traditionnelle présentation de la Faculté, de ses services et du déroulement de l’année universitaire, les étudiants ont pu découvrir un nouveau Bureau des Étudiants (BDE). Il est désormais animé par Sélénie et Maureen, étudiantes de licence qui ont accepté de reprendre le flambeau, et de se mettre au service de leurs camardes philosophes, ainsi que des personnes de bonne volonté qui renouvelleront l’équipe pour proposer à tous et toutes des temps de partage, d’échange, de débat, tels que les traditionnelles « Agoras », des temps d’intégration, des soirées étudiantes sans doute, avec un brin de philosophie.

François Hartog clôture cette journée

La journée fut clôturée par la conférence de François Hartog, historien et penseur, chercheur à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales, qui nous fit l’honneur de sa présence pour la conférence de rentrée commune aux Facultés de Philosophie et de Théologie.

Les réflexions dans lesquelles il tenta de nous initier furent inspirées de son livre intitulé Chronos. L’Occident aux prises avec le temps. Les raisons de méditer un tel sujet ne manquent guère. Des motifs personnels tout d’abord : nous sommes tous des êtres en « situation », et partant, des êtres temporels, soumis aux diverses lois de la temporalité (génération, croissance, « entropie », mort), mais aussi parce que notre rapport collectif au temps n’est pas aussi linéaire qu’on le croit au cours de l’histoire humaine, et selon la culture à partir de laquelle on le considère.

Du temps cyclique rythmant les saisons, les âges et les périodes qui laissent entendre une sorte d’éternité du monde, et que Monsieur Hartog range du côté de Chronos (la vie cyclique comme la « zoè » chez les Grecs en faisant partie), à l’Anthropocène qui renverse l’approche purement scientifique naturelle des grandes ères géologiques, où c’est à présent l’homme qui devient le principal « influenceur » sur son milieu (planétaire) qui l’a pourtant façonné. On peut penser aussi au temps plus linéaire en lui-même, qui est notre temps historique, tant au niveau des mémoires du passé, que de notre histoire personnelle en récit ; considération du temps qui porte le récit biblique notamment. « Qu’est-ce que le temps ? Si on ne me demande pas, je sais, mais si l’on me demande, je ne sais plus », énonçait saint Augustin au livre XI des Confessions. Car il y a ce paradoxe : nous avons ce rapport si intime au temps qu’il semble qu’il y ait peu de choses aussi personnelles que le rapport que nous entretenons avec lui. C’est le temps vécu, qui semble faire face à un temps, celui des ères et des âges du monde, qui nous englobe, et presque nous engloutit comme le dieu « Kronos » mangeant ses propres enfants divins, et qui n’a que faire de nous.

Mais puisque dès le début, notre Doyen, Pascal Marin, plaçait notre journée sous le signe de l’espérance : attente et jouissance des fins dernières (souhaitées heureuses : le paradis), n’oublions pas ce rapport au « temps eschatologique », qui transcende le temps « chronique », mais aussi ne coïncide pas tout-à-fait avec le temps de l’homme, puisqu’il est ce rapport qui donne à chaque moment sa densité. Temps de possibilité d’émergence de la présence divine pour le théologien, temps de la présence du sens et de la plénitude au moins pour le philosophe. La crise liée à la pandémie de Covid-19 aura au moins eu l’avantage de rappeler ceci : en dehors de l’instantané – ce que François Hartog appela ailleurs le « présentisme », l’obsession de l’instant présent qui ne cesse de fuir, sans trop de considération pour l’avenir, avec un dédain élevé vis-à-vis du passé ; soient les autres régimes d’« historicité »[1] – il s’agit peut-être de retrouver ce qui peut faire paradoxalement, d’un instant fugace, un moment d’éternité, où la fuite du présentisme cède la place à la densité de présence des moindres secondes lorsqu’elles portent du sens, une épreuve, une douleur, une joie, un amour ou une tendresse.

Maxime Begyn
Enseignant-Doctorant à la Faculté de Philosophie

Écouter la conférence de François Hartog

[1] François Hartog, Régimes d'historicité. Présentisme et expériences du temps, Paris, Le Seuil, 2003

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