Alain Bernard : Les leçons du sport

A quelques mois des Jeux Olympiques de Paris, l’UCLy a la chance de recevoir l’un des plus grands athlètes de l’Histoire de la natation française. Quadruple médaillé aux Jeux Olympiques (dont deux médailles d'or), plusieurs fois recordman du monde du 100m nage libre, Alain Bernard sera le Grand Témoin des Journées de l’UCLy, le jeudi 11 avril à 14h30.

Alain Bernard, Grand Témoin de la 2ème édition des Journées de l'UCLy le jeudi 11 avril

Mais qu’est-ce qu’un sportif de haut niveau peut bien nous apprendre d’un monde en crise ? Au premier abord, la question paraît justifiée. Les allers-retours de quelques athlètes dans une piscine semblent bien insignifiants face aux conflits armés, au changement climatique et aux crises du sens… Peu doutent des bienfaits de l’activité physique, mais il est facile de pointer du doigt les dérives du « sport business », entre salaires vertigineux et stades climatisés au milieu du désert. Un modèle à l'antithèse de la résilience et des valeurs de l'humanisme.

Pourtant, si Alain Bernard possède l’un des plus beaux palmarès du sport français, ce n’est ni un hasard, ni une anecdote. Ce n’est pas non plus le fruit d’un inévitable talent, donné par la chance. Lorsqu’on lui demande si Alain Bernard était le nageur le plus doué de sa génération, son entraîneur de toujours, Denis Auguin, ne mâche pas ses mots : « Alain n’avait pas de prédispositions. Des garçons avaient plus de talent. Sa plus grande force : sa capacité à progresser au fil des mois et des années. »

Le 14 août 2008, la vie d’Alain Bernard change en seulement 47,21 secondes. Il devient le premier français champion olympique du 100m nage libre, lors des JO de Pékin. Mais pour ces 47 petites secondes, combien de milliers d’heures d’entraînement intensif ? Pour nos sociétés confrontées à leurs limites physiques, c’est la première leçon que peut nous donner le sport. Pas de raccourci, beaucoup de travail.

Le sport, pour dépasser la vulnérabilité

Dans son autobiographie, Mon destin olympique, publiée en 2021 chez Talent Sport, le nageur raconte une expérience de son adolescence restée jusqu’ici secrète : le harcèlement scolaire.

Difficile aujourd’hui de déceler le garçon vulnérable dans le colosse d’1m90. Pourtant Alain Bernard se décrit comme un adolescent « discret et frêle ». Il raconte : « Je me souviens de ces intimidations de clans à la sortie de mon collège, des jeunes qui avaient pour seul projet de se battre. Et tout seul dans ton coin, tu te renfermes sur toi-même, tu t’écrase pour passer entre les gouttes. De nos jours ce harcèlement s’est transformé en cyberharcèlement, encore plus vicieux et sournois. »

Face à ses peurs et sa vulnérabilité, il trouve dans la nage le moyen d’éviter de tomber dans « le côté obscur ».  « Quand tu nages, en pleine introspection dans une sorte de monde parallèle, tu te parles à toi-même. J’avais l’impression de parler à une autre personne, une facette de moi-même qui n’osait pas s’affirmer. Et dans l’adversité j’ai eu la sensation de faire émerger le meilleur. » La toute première victoire d’une illustre carrière…

Quentin Vieira : Un nageur paralympique à l'UCLy

La rencontre avec Alain Bernard sera animée par la journaliste Sandrine Audrain, ainsi qu’un étudiant de l’UCLy. Quentin Vieira, actuellement en L2 d’Histoire, connaît bien le monde de la natation, puisqu’il est lui-même athlète de haut-niveau. Champion de France junior du 400m nage libre, il prépare actuellement les Jeux Paralympiques de Paris.

Découvrir son interview en vidéo

Le sport, pour rester humain

 « On parle souvent d’environnement, d’économie, de politique…Mais revenons à l’humain. » Dans cette phrase de son autobiographie, on trouve ce qui ressemble le plus à une profession de foi. Alain Bernard ne le cache pas, l’avenir qui se dessine pour nos sociétés l’inquiète. « Certaines valeurs semblent se dérober, Le manque de respect croissant dans notre société, le repli sur soi, la surconsommation de l’instantané… »

Le nageur observe aussi les nouvelles vulnérabilités nées des nouvelles technologies, qui s’accompagne d’une sédentarisation discrète et dangereuse. « Les développements technologiques nous ont réellement pris de vitesse » écrit-il. « Nos corps connaissent une soudaine assistance technologique. Je suis inquiet de l’impact que cela peut avoir sur notre santé à long terme. […] Ou est passée toute cette énergie que l’on dépensait avant l’arrivée de ces objets 3.0 ? » En référence au film Wall-E, il note : « J’ai le triste sentiment que nous pourrions finir sur des chaises volantes, mourir intellectuellement de notre dépendance aux écrans et à la technologie. »

Pour lui-même Alain Bernard a choisi la nage, l’effort solitaire par excellence. Depuis sa retraite sportive, il s’engage au quotidien pour la promotion du sport comme une indispensable ressource sociale. Il se met au service du collectif. « Le sport est un vecteur d’intégration, d’épanouissement physique et intellectuel, dont notre société ne peut faire l’économie ». Il faut bouger les individus pour bouger la société, dans tous les sens du terme...

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