VII-2 - Sciences du vivant, sens de la vie (2002)

Revue des Facultés de Théologie et de Philosophie

Résumés des articles du second volume du 8ème tome de la revue Théophilyon

Jean-Marie Exbrayat - Biologie et sens de la vie

Les données actuelles de la science démontrent de manière de plus en plus précise la matérialité de la vie et des organismes vivants. Ces derniers sont issus, aux origines, du monde minéral. Produits d'une lente évolution qui a démarré voici environ 3,8 milliards d'années, les êtres vivants qui culminent avec l'espèce humaine, sont le siège de réactions physico-chimiques particulièrement complexes, soumises à l'expression des gènes, qui leur permettent de croître et proliférer. Ces êtres présentent également des faiblesses : ils sont soumis à la souffrance et à la mort. Matérialité, évolution, physico-chimie, souffrance et mort sont les éléments clés pour donner un sens à la vie. De nombreux scientifiques se sont interrogés et s'interrogent toujours sur le sens à donner à la vie. La matérialité du vivant conduit souvent aux thèses matérialistes pour lesquelles il ne représente finalement qu'une longue suite de réactions chimiques. Pourtant, même s'il faut tenir compte de cette matérialité bien réelle, il est possible de voir dans la vie un signe supérieur, mais ceci dépasse le seul travail du biologiste et de l'esprit scientifique. Donner un sens au vivant ne relève pas de la biologie mais d'autres formes de pensée apportées par la philosophie ou la religion.

Fabienne Daull - Le pouvoir sur la vie des êtres humains ou les biotechnologies comme lieu de questionnement éthique

Aujourd'hui, les sciences biologiques et médicales et les biotechnologies confèrent un pouvoir de compréhension mais aussi d'intervention sur le développement et la vie des êtres humains (dont nous donnons un bref panorama), qui pose des problèmes éthiques particulièrement cruciaux. Pourtant les approches qui en sont faites dans les différents rapports éthiques publiés récemment relativisent leur importance face aux intérêts scientifiques et thérapeutiques de ces recherches. Quels repères pour en discerner le sens et les limites, quand l'affirmation du respect de l'embryon, de la vie, de la "nature humaine"... va de pair avec des pratiques qui leur portent directement atteinte ? Comment prendre conscience que pour pouvoir vivre humainement, il nous faut renoncer à une volonté de toute-puissance sur la vie des êtres humains, sans renoncer à lutter contre le mal et la souffrance ? Tel est le défi que soulèvent les biotechnologies et auquel philosophes et théologiens sont appelés à répondre.

Denis Vasse - L’Éthique du vivant

La connaissance du vivant n'est pas réductible au savoir des sens ou à l'intelligibilité des choses. Elle est attentive à la Vie qui se révèle en lui. Elle est connaissance de l'Autre en lui, de ce qui est donné dans l'éprouvé de la présence - dans l'épreuve -, et non connaissance objectivante de ce qui est su -  dans la preuve - Si le vivant est celui qui participe au présent de la Vie, son éthique consiste à agir à partir de la reconnaissance d'une transformation de la souffrance du désir en joie de la rencontre. La joie est le signe de la Vie s'accomplissant dans l'acte d'une présence - le don - qui dépasse toutes les représentations que l'homme peut avoir de lui-même. "

Paul Moreau - L’idée de vie sociale

Le recours aux droits de l'homme, qu'on voudrait voir régler l'ensemble des questions sociales n'est-il pas le signe de l'incapacité pour une société d'être habituellement réglée par les mœurs ? Cette incapacité peut alors apparaître, jusque dans  l'espace de la ville, comme résultat d'un processus qui a disqualifié, au profit du seul individu, l'idée de vie sociale.  Afin d'offrir aux hommes tant des repères commodes qu'une sécurité durable on pourrait alors être tenté de repenser la société comme communauté, ou mieux, comme organisme social. Mais alors on peut craindre que ne soit ainsi sacrifiée, avec la personne humaine, l'idée même d'humanité. Il convient alors, pour les citoyens, de reconnaître et prendre en charge, spécialement dans la ville, un monde public capable d'intégrer la diversité, tant des formes de vie que des institutions.

Pierre Gire - Pour une métaphysique de la vie humaine

Dans une option épistémologique de type métaphysique, il s'agit de penser l'essence de la vie humaine. À distance de la double altérité de la vie animale et de la vie divine, l'homme éprouve sa vie dans l'horizon de la culture. Au cœur des dimensions transcendantales de sa propre vie, le sujet fait l'expérience de son infinie profondeur métaphysique. Celle-ci se donne comme une dialectique fondamentale de la transcendance et de l'immanence (acte d'être affecté de négativité). En définitive, c'est dans la personne que s'offre en vérité, en se reconnaissant, l'essence métaphysique de la vie humaine. Cette affirmation de la personne, ainsi pensée, inaugure le monde de la vie éthique.

Olivier Perru - Vie animale et vie humaine : quelles différences ?

Le traitement philosophique de la question "Vie animale et vie humaine : quelles différences ? " suppose au préalable une lucidité épistémologique sur les voies d'approche possibles. C'est la condition nécessaire pour éviter soit une démarche de naturalisation de la vie humaine, soit au contraire un dualisme qui isolerait la vie spirituelle de son fondement biologique. L'attitude du philosophe face au problème de la vie est faite d'étonnement et de radicale humilité. Plutôt que de défendre le "propre de l'homme", il s'agit d'aller le plus loin possible dans la découverte toujours nouvelle de ce vivant singulier qu'est l'homme. Le présent travail cherche donc à déboucher sur les conditions de développement d'une philosophie du vivant, et sur les pistes à approfondir quant à la différence humaine.

Michel Demaison - Vivre : une quête de vérité

Le travail théologique sur ce qu'on appelle la vie humaine puise d'abord dans les ressources offertes par l'Écriture : pour éclairer en sa polysémie une notion aux usages tellement ambigus, et pour la mettre e rapport avec le Dieu des vivants, créateur et sauveur, qui se révèle ultimement en Christ. Partant de là, quand on veut participer aux débats ouverts par les biosciences, il faut aussi disposer d'une réflexion anthropologique. Trois axes sont développés qui structurent le vivre proprement humain : l'engendrement, la condition corporelle, la personne. Sans exclure d'autres approches, ils permettent à la théologie catholique de tenir un discours cohérent dans une société soumise aux effets pratiques de la maîtrise du vivant, et travaillée par la quête du sens de la vie. De quels atouts le christianisme dispose-t-il encore pour être entendu ? Sur cet immense chantier qui s'ouvre pour longtemps, quelques pierres d'attente sont proposées, comme de simples signes d'une vie dont la vérité sera toujours à recevoir.

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