XVIII-2 - Le Christ sans confession - Philosophie contemporaine et christianisme (2013)

Revue des Facultés de Théologie et de Philosophie

Résumés des articles du second volume du 18ème tome de la revue Théophilyon

Isabelle Chareire - Giorgio Agamben et la gloire vide

L'article se propose d'explorer quelques aspects de l'œuvre de Giorgio Agamben. La suspension de la loi est au cœur du temps qui reste et du premier volume d'Homo sacer. Chez Paul la désactivation de la loi se fait sous l'horizon de l'alliance et de la foi ; en politique, la suspension de la loi se réalise soit sous l'horizon d'une altérité, c'est le cas de l'état d'exception tel que peut l'instituer un pouvoir étatique, soit en l'absence de médiation, dans le biopolitique. La deuxième partie relit le Règne et la Gloire dans lequel Agamben convoque un grand nombre de notions théologiques pour retracer sa généalogie du politique. Un bilan tente d'évaluer le propos d'Agamben à partir de la posture théologienne qui est celle de l'autrice.

Pascal Marin - La drôle de philologie d'un philosophe-philologue allemand. Chair christique et chair dionysiaque chez Nietzsche

Parmi les philosophes de la période contemoraine qui forment leur propre conception de l'homme dans l'appropriation de pans entiers de la doctrine chrétienne, il peut sembler incongru de citer, à l'ouverture de cette période, le nom de Nietzsche. On sait bien dans quelle allergie au christianisme de son enfance et de ses aïeux, il a créé sa conception de la vie. Il ne veut lui reconnaître qu'une source historique : la Grèce « dionysiaque ». Mais le philosophe-philologue allemand pratique une étrange philologie. Sa figure de Dionysos est une construction de philosophe qui n'a plus grand chose de philologiquement grec. Elle aurait reçu en particulier du christianisme johannique l'idée d'une vérité faite corps. Voilà qui révèle sous un jour contradictoire cette philosophie de la vie, dans sa provenance et ses visées, et en complexifie l'interprétation.

Marc de Launay - La révolte chiliastique de Qora'h

Nombres 16 est peu commenté par la tradition philosophique ; lorsqu'elle le fait, au XXe siècle, elle passe à côté du sens particulier de la « violence » que ce texte construit à travers une intuition profonde des racines de la morale. La volonté perverse de promulguer une « égalité » par nature dans la sainteté va justifier, sur un plan politique, la structure gnostique qu'on retrouvera par la suite dans tous les mouvements chiliastiques. L'interprétation du texte cherche à dégager ses intentions de l'usage qu'il fait d'un quasi-hapax verbal : le terme que la Bible emploie pour désigner l'action créatrice divine.

François Nault - Le premier baiser : Jacques Derrida et la mémoire chrétienne

Cet article s'attache à l'examen des rapports complexes que la pensée de Jacques Derrida entretient à l'égard du christianisme. D'une part, il s'agit de reconnaître que ce philosophe cherche à poursuivre « aussi loin que possible la nécessité d'un discours hyper-athéologique ». De ce point de vue, la pensée de Derrida résiste clairement à toute forme d'appropriation théologique et il n'est pas interdit de l'envisager comme une forme d' « athéisme radical ». D'autre part, étant entendu que la déconstruction est irréductible à une « démolition », il est aussi possible de reconnaître dans le geste philosophique de Derrida un acte de recueillement, de mémoire et de méditation du christianisme, et plus largement des religions abrahamiques. Cet article insiste sur cet immense effort de méditation déployé par Derrida, dont il faudra même se demander - question de s'amuser un peu - s'il n'est pas déjà théologique.

Sylvain Camilleri - L’explication de Heidegger avec le christianisme

Les rapports de Heidegger avec le christianisme sont multiples. On propose d'en donner ici une nouvelle synthèse avec un double objectif. Le premier, d'ordre spécial, est de montrer comment ils épousent globalement les tournants de sa biographie et de son œuvre comme ceux de l'exégèse, de la théologie et de l'Église au XXe siècle. Le second, d'ordre général, est d'indiquer dans quelle mesure la référence constante au christianisme d'une pensée philosophique contemporaine qui revendique par ailleurs être sortie de la religion n'est pas sans entretenir sur ce point une dette à l'égard du penseur allemand, quoiqu'elle ne l'ait pas toujours bien compris.

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