XII-1 - La traduction, art des passages (2007)

Revue des Facultés de Théologie et de Philosophie

Présentation du premier volume du 12ème tome de la revue Théophilyon

Hervé Savon - Deux traducteurs d’Ambroise au XVIIe siècle

Deux questions sont étroitement associées dans cet article : celle de la traduction et celle de la réception. Comment a-t-on traduit les œuvres de saint Ambroise à l'époque classique ? Qu'en est-il résulté pour l'image que l'on s'est faite de sa personnalité et pour l'influence exercée par son œuvre ? Ce ne sont pas seulement les méthodes que l'on a été conduit à examiner. La finalité et la définition de la traduction sont également en jeu. Ces questions ont inspiré une enquête sur les huit écrivains qui ont mis des œuvres d'Ambroise en français  entre 1600 et 1750. De cet ensemble, on a tiré deux traductions exemplaires, celle de Louis Giry (1639) et celle du Père Leurin (1646). Comme leur époque, ils ont le goût de l'amplification, et ils montrent peu de scrupules quant à l'exactitude. Par ailleurs, tout les oppose : Giry donne dans l'éloquence d'apparat ; Leurin fait œuvre de propagande spirituelle et transforme les textes d'Ambroise en d'aimables causeries, sous le signe de François de Sales. En règle générale, on a préféré à une simple description une analyse précise des rapports entre le « texte source » et le « texte cible ».

Nicole Guenier - La Bible : pourquoi tant de traductions ?

Peu d'ouvrages littéraires ou religieux ont été aussi souvent traduits que la Bible. Pourquoi ? On n'envisage pas ici les milliers de traductions en langues diverses, mais seulement celles, qui sont constamment renouvelées en une seule langue, l'inventaire étant limité à quelques langues européennes. Trois critères permettent de rendre compte de cette diversité séculaire de traductions à partir du XVIe s. : la confession chrétienne (les traductions juives demeurant minoritaires), le niveau social du lectorat et la relation à la culture contemporaine, qu'il s'agisse de l'héritage humaniste et des Lumières ou, aujourd'hui, de la conception de la Bible comme monument lié ou non à l'héritage religieux.

Pascal Marin - La philosophie contemporaine et le réel de la traduction

Un « paradigme de la traduction » (P.Ricœur) est actif dans le champ de la philosophie contemporaine. La présence en philosophie de cette notion qui désignait jusque là une activité imposée à l'homme depuis Babel peut étonner. L'émergence de cette notion obéirait à une triple nécessité, pratique, ontologique, archéologique.

  • Pratique : il y a urgence à penser aujourd'hui les conditions de possibilité d'un universalisme authentique dans un contexte pluriel, en Europe tout particulièrement. La confrontation de deux éthiques de la traduction, chez Nietzsche et Ricœur, profile celui qui est en question pour le philosophe, le sujet lui-même, en acte de traduction, qui naît à sa propre langue dans le passage des langues.
  • Ontologique : dans un monde en passe de nous devenir transparent, l'épreuve de la traduction nous révèle au cœur de l'expérience du langage, la résistance d'un « il y a », d'un réel. Qu'il s'affronte à l'épreuve de la traduction « interlinguistique » ou « intralinguistique » (Jakobson), le sujet se soutient de ce réel.
  • Archéologique : découvrant au cœur même des langues le réel de la traduction, les philosophes contemporains font œuvre d'archéologues. Ils exhument une strate des plus anciennes de notre tradition occidentale, au point où elle se constitue.

Volker Mecking - Traduttore, traditore ! L’acte de traduire présenté par un praticien

Cette contribution se propose de retracer sommairement l'histoire de la traduction depuis les Sumériens, inventeurs de l'écriture cunéiforme, jusqu'au 20e siècle, tout en insistant sur des aspects étymologiques et lexicographiques du mot traduire, de ses dérivées et de ses concurrents historiques. Elle abordera des questions fondamentales comme l'approche sourcière et cibliste, mais aussi les stéréotypes les plus usuels à l'égard des traducteurs à travers les siècles, ainsi que les conditions matérielles de traducteurs aujourd'hui, fortement marquées par l'outil informatique. Seront également évoqués, à ce titre, la spécialisation croissante du traducteur et l'évolution de son profil professionnel et les exigences de sa formation initiale, ainsi que l'importance non négligeable de la recherche documentaire en amont de la traduction. Un tour d'horizon s'articulant autour du fameux adage traduttore-traditore permettra d'évoquer la naissance et la réorientation de la traductologie dans la deuxième moitié du 20e siècle vers des notions telles que le skopos. Le modèle interprétatif issu de l'école parisienne sera présenté en détail afin d'en démontrer, du point de vue d'un praticien, ses nombreux avantages pratiques et surtout pédagogiques. L'ample bibliographie, agrémentée d'une liste des liens jugés utiles, permettra aux néophytes et aux apprenants des filières traduction et/ou interprétation d'approfondir, au besoin, tel ou tel aspect évoqué dans cette communication.

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