Sémiotique et Bible n°157 - Mars 2015

Bulletin d'études et d'échanges publié par le Centre pour l'Analyse du Discours Religieux

Sommaire de la revue n°157

Les retournements de la parole.- Comment l’invective devient credo (2 s 6, 20-23) - Philippe Lefebvre

Le phénomène décrit par cet article de Philippe Lefebvre (Université de Fribourg, Suisse) a été analysé par François Martin sous le nom d’« anamorphose ». Ce terme, emprunté au vocabulaire de la peinture, désigne en sémiotique le retournement que peut opérer une parole « dans tous ses états », « parce qu’un même énoncé peut être entendu dans un sens ou dans un autre, parce qu’il peut contribuer à accabler un homme ou à le révéler dans sa vérité. Tout dépend en fait de celui qui entend: David, son entourage, le lecteur de cette page lui-même. » Il serait possible d’ajouter : tout dépend du lieu dans lequel on entend. Quand Mikhal entend David, « est-ce “devant le Seigneur” ou est-ce en tant que “fille de Saül” »?

Jésus et les gens de Samarie - Anne Fortin

L’article d’Anne FORTIN (Université Laval-Québec) s’appuie sur le texte de Jn 4 pour donner une mesure concrète de l’écart entre une approche des textes comme communication ou comme lieu de parole. La communication effectue la transmission d’un message consistant, qui vise les objets du monde. A l’inverse la parole met en évidence le statut instaurateur du manque, en tant que lieu d’advenue d’un sujet. L’article trouve un modèle de cette parole dans la rencontre de Jésus et de la femme samaritaine, et dans la façon dont elle « indique le mouvement d’une parole qui traverse la chair et y inscrit du tiers. La prise de parole de la femme et des samaritains signale l’instauration du sujet dans une Parole qui ne dit pas tout mais qui laisse l’espace pour chacun d’entendre ce qu’il peut entendre de son lieu. ».

Lao-Tseu et Jean IV - (Suite au colloque du CADIR des 24 et 25 juin 2013) Raymond Volant

Ce bref article de Raymond VOLANT, sinologue et membre de l’ARS-B, pointe la similitude de la structure mise en évidence, chez Lao-Tseu, par l’articulation du « Un », du « deux » et du « trois » avec les logiques de parole qui régissent la rencontre entre Jésus et la femme Samaritaine en Jn 4x. Il montre comment la rencontre ternaire mise en figures par le texte de Jean conduit cette dernière à devenir « à la fois comme la Voie et la Voix ! ».

Outils pastoraux et lecture biblique - Jean-Loup Ducasse

Voici comment cet article de Jean-Loup DUCASSE (Cadir-Aquitaine) présente la proposition dont il fait état : « Il s’agit donc certes de faciliter un meilleur rapport au texte biblique (présentation, clôture, traduction, invitation à la lecture), mais en prenant en compte les trois dimensions articulées de la pastorale : parole, sacrement, frère. Ainsi la lecture est-elle située dans un ensemble de pratiques articulées et cohérentes, visant à accueillir la parole qui nous appelle à être membre du corps du Christ, corps promis qui demeure hors représentation (énigme), objet de la promesse du Seigneur et de notre désir. » C’est donc du « corps promis » et des conditions ecclésiales de son advenue qu’il sera question ici.

En entrant dans le monde le Christ dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni holocauste, mais tu m’as donné un corps. Holocaustes et sacrifices pour les péchés ne t’ont pas plu. Alors j’ai dit : Me voici, car c’est bien de moi qu’il est écrit dans le rouleau du livre : je suis venu Ô Dieu pour faire ta volonté. (Hé 10 5-7 qui cite le Ps 40, 7-9 (gr.)

Humblement nous te demandons qu’en ayant part au corps et au sang du Christ nous soyons
rassemblés par l’Esprit Saint en un seul corps.

Prière eucharistique n°II

Images de la « La Samaritaine au puits » - Prolégomènes à la co-énonciation - Michel Costantini

L’article de Michel Costantini (Professeur de Sémiotique des arts et de la littérature, Université Paris 8, Vincennes-Saint Denis) interroge, à propos de la lecture, « l’implication du Sujet, la proclamation de la nécessité de son implication. Quand je lis un texte, je suis embarqué (ou non, et je puis à tout moment débarquer) sur un chemin – l’itinéraire, l’itinérance que relevait Isidore de Séville –, dans une histoire qui me sollicite, sollicite mon attention, mon adhésion, mon interrogation, ma réaction, explicitement ou plus généralement implicitement, mais sans cesse, à chaque pas. Je suis toujours co-opérateur du texte, sans doute en partie lector in fabula, mais mieux encore en conversation avec le texte, qu’il soit verbal ou iconique, quoique différemment. » Ce texte développe avec une grande érudition quelques données de cette « conversation ».

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