La parole entre ciel et terre. La parole vivante ou comment la parole donne vie au corps

Approches sémiotique, patristique et philosophique

le lundi 30 janvier 2023 à 09h00

Lieu de l'événement

23 place Carnot - 69002 LYON

Contact

Secrétariat

0472325023
semiotiqueetbible@univ-catholyon.fr

Là où il y a l'humain s'atteste qu'il y a des corps et que ces corps là ont ceci de spécifique qu'ils parlent. Ceci étant posé, il est pourtant difficile de dire ce que c'est que parler. La culture actuelle très imprégnée de représentations issues de la découverte des sciences de la nature ne procure pas de ressources pour penser la parole. Au contraire, à la faveur de ce naturalisme très virulent, la parole s'y voit occultée, méconnue, réduite à être l'un des modes de la communication biologique, qu'il serait en outre possible de reproduire artificiellement. Il faut donc d’autres ressources de pensée, autres que naturalistes, pour rendre justice à la parole du corps parlant. Et tout lecteur de la Bible en a l'intuition, ces ressources de pensée sont à trouver dans le champ du biblique. De la Genèse à l'Apocalypse de Jean, la Bible met en récit la parole en faisant se rencontrer en sa figure le divin et l'humain. Dès l'ouverture de la Genèse, la Bible conjoint ainsi origine et parole, puisque faire l'homme à l'image de Dieu, cela consiste à déposer en lui le pouvoir de la parole créatrice. Il y a très peu, seulement quelques versets, de la parole divine qui met en forme le monde à la parole du premier homme, qui fait venir les animaux en présence en leur donnant un nom. Interface entre ciel et terre, au long des Ecritures, la parole met la logique au défi et la pensée en crise. Tout en elle est paradoxe. Volatile, elle pèse de peu dans le monde, et pourtant c'est elle qui ouvre le monde. Aussi puissante qu'insaisissable, la parole l'est d'abord au sein du milieu où elle se déploie : le langage. Elle porte les mots à l'expression, et pourtant s'engageant toujours avant les mots, dans l'écoute, elle demeure essentiellement silencieuse. Autre de la langue, la parole fait brèche dans le corps vivant en l'ouvrant à ce qui ne se laisse ni maîtriser, ni savoir. La parole porte vie à l'homme, et pourtant elle est comme hantée par la mort. Serait-ce que le pouvoir d'appeler les choses à être ce qu'elles sont nous viendrait d'être originairement habité par l'idée de l'absentement de soi et de tout, dans la disparition de la mort ? Vie d'une parole crucifiée, en exode, en exil. En atteste que ce lien intime de la mort à la parole n'est ni morbide, ni mortifère. Tout au contraire, c'est depuis cette intimité là que le parler se libère de l'envie, de la plainte, de la menace, pour porter à son insu la vie de l'esprit.

  • En vertu de quoi la parole ne peut-elle se limiter « à être l’un des modes de la communication biologique » ?
  • Quelles seraient les ressources autres que naturalistes qui permettraient de « penser la parole » ?
  • Comment rendre compte de l’intuition selon laquelle des « ressources de pensée sont à trouver dans le champ du biblique » ?
  • En quoi la lecture sémiotique des textes bibliques contribue-t-elle à faire apparaître de telles ressources de pensées ?

Programme

Matinée (9h - 12h30)

Les enjeux méthodologiques et anthropologiques de la lecture de Jn 4,1-42 | Sophie Claret, Olivier Robin, George Vasilakis, équipe du CADIR, UCLy

Le récit de la rencontre de Jésus avec la femme Samaritaine, en Jn 4, est plein de ressources pour donner à penser : du point de vue d'une anthropologie de la parole, bien sûr, mais aussi d'un point de vue méthodologique et théorique sur la sémiotique elle-même. Comment le texte s’y prend-il pour offrir tant de richesses à ses lecteurs ?

Du texte à la parole | Philippe Monot, Association Bible et Lecture Bretagne

Les textes bibliques, dans leur dimension énonciative et par leur caractère intransitif, semblent nécessiter qu’ils soient lus à plusieurs. Nous explorerons cette place de l’autre dans la lecture, et la façon dont cela est mis en œuvre, très concrètement, au sein des associations Bible & Lecture issues des travaux du CADIR, par la lecture en groupe.

Le « champ du biblique » et la pensée de la communion qui advient | Yannick Fresnais, doctorante en dogme, UCLy

Le « champ du biblique » où vient s’inscrire la Parole de Dieu révèle les lecteurs comme sujets communautaires parlants et se découvrant. La vérité se réalise dans ce qui advient, l’émergence du sens résultant d’un choix fondamental que l’Écriture donne à entendre et qui va s’actualisant dans du nouveau. Ainsi, à l’autonomie et à l’individualisme séculaires, « le champ du biblique » dévoile l’hétéronomie fondatrice de vérité, de liberté, de nouveauté et de communion.   

La parole représentée : de l'interaction entre texte et image pour la réception de la parole | Odile Le Guern, Professeur émérite en Sciences du Langage, Université Lumière-Lyon 2

Du fait de sa nature, l'image fixe et unique est soumise à la tabularité : tout nous est donné à voir simultanément, mais les textes qui l'accompagnent, récits ou discours, nous guident dans son exploration, dans le processus de linéarisation. De simple illustration qui isole un moment du récit, elle peut devenir alors le support d'une lecture plus personnelle de la parole dans la perspective d'une énonciation de la réception.

Après-midi (14h30 - 18h)

La parole aujourd’hui. De son invisibilité culturelle à son actualité biblique | Pascal Marin, Faculté de philosophie, UCLy

Aujourd'hui, dans le contexte d'un naturalisme dominant, frappée d'impossibilité ontologique, la parole a disparu du paysage mental de nos sociétés. Les mots manquent à cette culture de haute modernité technologique pour signifier ce qui fait de nous, humains, des parlants. En ce contexte, investis d'une toute autre vision de l'être et cultivant le sens de la parole comme ce qui relie l'humain à l'absolu, les dits et récits bibliques libèrent, comme jamais avant peut-être, un potentiel critique pouvant ouvrir à la pensée des voies vers la parole, cet essentiel de l'humain.

Plaidoyer pour l’âme | Jean-Loup Ducasse, Association Bible et Lecture Aquitaine

Bannie du langage savant, mais aussi des traductions du Nouveau Testament, l'âme (psychè) serait-elle le lieu d'un travail privilégié de la parole ? Lisons !

"Rejetant toute saleté et tout reste de méchanceté, accueillez avec douceur la parole implantée et qui peut sauver vos âmes"  (Jc 1, 21)

La Bible, une littérature vitale qui devient Parole | Elie Ayroulet, Faculté de théologie, UCLy

Pour Grégoire le Grand (v. 540-604), celui qui lit l’Ecriture grandit à la lecture de celle-ci. Et cette croissance du lecteur fait grandir l’Ecriture et conduit Grégoire à affirmer : « l’Ecriture grandit avec celui qui la lit ». Au cœur de l’acte de lecture de l'Ecriture, posé entre ciel et terre, nous nous interrogerons pour savoir si cette croissance du lecteur et ses effets sur l’Ecriture ne témoignent pas de la force vitale et « créatrice » d'une Ecriture qui devient Parole.

Infos pratiques

Inscriptions obligatoires avant le 20 janvier

  • Par correspondance
    Bulletin d’inscription, accompagné de votre chèque à l’ordre de AFPICL, à renvoyer à : Colloque Sémiotique et Bible - Faculté de Théologie - 23 place Carnot, 69286 Lyon cedex 02 ;
  • Sur place
    Secrétariat de la Faculté de Théologie (ouvert le lundi 14h à 17h – mardi , mercredi et jeudi de 9h à 12h et 14h à 16h30 - fermé Vendredi) - Paiement par CB possible

Bulletin d'inscription

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Tarifs :

  • Journée : 30€
  • Gratuit pour les étudiants de l'UCLy
  • Repas sur place (facultatif) : 18€