Appel à communication : Colloque "La relation : concept clé pour une révolution civilisationnelle "

Colloque 27-28 Mai 2024

du vendredi 20 octobre 2023 à 00h00

au jeudi 30 novembre 2023 à 00h00

Contact

Collège doctoral


colloquecd2024@univ-catholyon.fr

Argumentaire

Affirmer que notre monde est en crise est presque devenu un lieu commun : crise écologique, crise des institutions économiques, crise des représentations sociales, crise des valeurs, crise civilisationnelle (Morin 1976). Toutes ces crises semblent avoir un dénominateur commun : la crise de la relation. La perspective de ce colloque, organisé par des doctorants de l’unité de recherche CONFLUENCE : Science et Humanités (EA 1598), est précisément d’interroger la notion de relation.

En effet, à l’heure des injonctions à se considérer comme citoyens du monde, quand les rapports à l’espace et au temps sont bousculés par les nouveaux outils technologiques et le développement des réseaux sociaux, et alors que la volonté affichée par le transhumanisme de dépasser toute finitude et vulnérabilité trouve un large écho, nous sommes invités à repenser notre manière d’habiter le monde et d’interroger notre rapport à l’altérité. Des auteurs comme Bruno Latour ou Edgar Morin interpellent nos représentations anthropologiques et nos modes de vies qu’ils identifient comme la source des disjonctions et délitements de nos relations.

D’autres appellent à renégocier nos relations au monde en terme d’« espace d’égards ajustés » (Morizot 2023), d’« éthique du care » (Pelluchon 2018) pour fonder nos relations de cohabitation avec les autres sur la considération ou l’entraide (Servigne et Chapelle 2019), pour sortir de l’indifférence (Weil 2022) ou de nos peurs de la différence et retrouver « le goût de l’autre » (Lasida 2018). Tous, à partir du constat d’une crise du lien, renvoient également à la nécessité d’envisager la relation comme fondement pour la construction de nouveaux modèles d’institutions et de rapports à l’altérité.

Comment dès lors nous saisir d’invitations comme celle de Jean-Philippe Pierron à éprouver que « Je est un nous » (Pierron 2021) et engager ainsi une transformation radicale de nos manières d’être en relation? En outre celle de Philippe Descola à critiquer nos représentations des relations à l’autre (Descola 2017), ou encore celle lancée par le pape François dans l’encyclique Laudato si’ (2015), pour promouvoir une révolution culturelle et bâtir un nouveau vivre-ensemble. Un vivre-ensemble qui intègre une juste perception de soi et du réel - comme le préconisait déjà la philosophe Simone Weil - disposant à une relation adéquate et apaisée au monde du non-vivant et du vivant non-humain, entre les humains, à soi et à Dieu. Il s’agit là des quatre relations fondamentales déclinées dans Laudato si’ dont le leitmotiv « Tout est lié » peut être déployé dans le concept de fraternité cosmique (Revol 2021).

De ce qui précède, nous retenons trois axes essentiels pour explorer les différentes dimensions de la question.

Premier axe

Un premier axe s’attachera à définir ce qu’est la relation à travers l’approche plurielle de la philosophie, des sciences humaines et de la théologie. Les concepts d’« hypermodernité » (Aubert 2006), de « modernité liquide » (Bauman 2013) éclairent cette analyse d’une recherche de « ce qui fait un dans le multiple » (Larouche et Legault 2003) alors que la construction du soi et de l’engagement sociétal se joue aujourd’hui sur fond d’incertitudes, de l’avenir personnel et de l’avenir du monde.

Ces perspectives convient les théologiens à interroger la figure du Dieu Trinitaire pour penser la relation en contexte post-moderne. Christoph Theobald, se questionnant en particulier sur la raison d'être et la finalité salvifique de l'Église, cherche sur quoi fonder aujourd’hui le lien social fragilisé observé dans des sociétés où la diversité interne prévaut. Ce lien social, qui relevait depuis les temps ancestraux d’un « théologico-politique » fondateur de toutes les sociétés, a en effet été rendu « énigmatique » par le retrait de Dieu à l’époque moderne, « livrant la société à une auto-organisation et à un auto-déchiffrement » (Theobald 2012).

Deuxième axe

Le deuxième axe se propose de confronter la ou les définitions de la relation avec la réalité de nos existences marquées par les obstacles et les difficultés à tisser des liens de qualité. Dans la mesure où le propre de l’écologie est l’étude des relations et interdépendances dans un écosystème donné (Morin 2020), dire que la relation est en crise renvoie aux racines de la crise écologique.

Or, le modèle de civilisation défini aujourd’hui par le paradigme technoscientifique semble montrer ses limites. Produit de l’Anthropocène, il consacre une ontologie dualiste qui signe la rupture entre nature et culture, humain et non-humain, individu et collectif. Quelles sont donc les conceptions de la relation qui prévalent dans les sociétés construites sur ce paradigme et quelles en sont les conséquences ? Une pensée de type « écologie des relations » (Descola 2011) ne permettrait-elle pas de le dépasser et de restaurer une ontologie de l’être-dans-le-monde ? Le sociologue et philosophe Hartmut Rosa propose une telle démarche avec sa théorie de la résonance : pour garantir une vie bonne, « ce n’est pas l’accès aux choses mais la qualité de la relation au monde qui doit devenir la norme de l’action politique et individuelle. » (Rosa 2018).

Comment développer des capacités relationnelles pour réinventer une civilisation capable de faire émerger une communauté de vie qui prenne soin des interdépendances et du bien commun ?

Troisième axe

Le troisième axe souhaite répondre à ce défi. Si la crise est si profonde qu’il est légitime de considérer que tout est à réinventer, il est aussi permis de penser, avec Achille Mbembe, que « puisque nous sommes toujours déjà là avec d’autres, le nom même de l'existence, c’est avec eux, dans la relation, que se fera la réinvention » (Mbembe 2023). Pouvons-nous considérer, en paraphrasant l’affirmation de Dostoïevski sur la beauté, que « la relation sauvera le monde » ? Mais à quelles conditions ? L’espace de dialogue et de partage des champs disciplinaires sollicités sera en lui-même un exercice de mise en relation.

Format des propositions

Les propositions de communication devront être envoyées en format Word comportant le nom, le prénom, le rattachement institutionnel, le titre de la communication, les coordonnées de l’auteur (adresse e-mail) et un résumé d’environ 300 mots en français (document Word, Times New Roman 12, interligne 1,5).

Les communications s’effectueront en français.

Les communications inédites seront susceptibles de faire l’objet d’une publication.

Calendrier

Date de soumission des propositions de communication : jusqu’au 30 novembre 2023

Adresser à : colloquecd2024@univ-catholyon.fr

Réponse du comité scientifique : 20 décembre 2023

Le colloque aura lieu en présentiel uniquement.

Une main d'homme avec un crayon qui écrit sur un bloc note

Membres du comité scientifique :

  • Zélie Basson, doctorante en théologie à l’UR CONFLUENCE : Sciences et Humanités (EA 1598) ;
  • Baptiste Colin, docteur en histoire contemporaine, délégué scientifique à l'UR CONFLUENCE : Sciences et Humanités (EA 1598) ;
  • Domenico Cambria, docteur en philosophie, UR Religion, Culture et Société (EA 7403), Institut Catholique de Paris ;
  • Emmanuel d’Hombres, docteur en philosophie, UR CONFLUENCE : Sciences et Humanités (EA 1598) ;
  • François Lestang, docteur en Écriture Sainte, directeur du collège doctoral de l’UR CONFLUENCE : Sciences et Humanités (EA 1598) ;
  • Arnauld Afolabi Olaye Adjeran, doctorant en philosophie à l’UR CONFLUENCE : Sciences et Humanités (EA 1598) ;
  • Arthur Rochon du Verdier, doctorant en philosophie à l’UR CONFLUENCE : Sciences et Humanités (EA 1598) ;
  • Marie-Claire Vidal, doctorante en théologie à l’UR CONFLUENCE : Sciences et Humanités (EA 1598) ;
  • Jean-Paul Wasingya, doctorant en philosophie à l’UR CONFLUENCE : Sciences et Humanités (EA 1598).

Membres du comité d’organisation

Zélie Basson, Najate Dagron, Arnauld Afolabi Olaye Adjeran, Arthur Rochon du Verdier; Marie-Claire Vidal, Jean-Paul Wasingya.

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