Objectifs
- Faire retour sur l’histoire des formes d’introspection et de “récit de soi” dans le cadre d’une sociologie historique des transformations sociales, de la montée de l’individualisme et des processus de subjectivation (intériorité, confession, intimité, psychologisation, discours sur soi..).
- Rendre compte, dans le champ contemporain, des différents statuts et usages des “récits de soi” (récits-narrations du champ éditorial/ situations de face à face dans des cadres institutionnalisés/“récits spontanés”, amicaux et familiaux, sur les reseaux sociaux/témoignages de soi sur les plateau de TV…) en fonction des outillages mobilisés (sur les reseaux sociaux/dans les livres/ à la TV…).
- S’arrêter sur les conditions de mobilisation de ces registres d’expression, sur leurs formes et contenus en lien avec des “épreuves” entendues comme entreprises de justification, de consolation, de présentation de soi, de réassurance, de socialisation, de sociabilité…Il s’agit de questionner à la fois le lien entre les “récits de soi”/ l’identité/la reconnaissance et la dimension intersubjective comme rencontre avec l’altérité.
- Aborder d’un point de vue social, historique et culturel l’articulation du psychique et du collectif, du déterminisme et de l’autonomie au travers de ce qui est prononçable ou imprononçable, audible ou inaudible, dicible ou innommable…aujourd’hui.
Descriptif du module
Dans ces séances, il sera envisagé :
- Une brève histoire de la « condition biographique » et des formes diverses de témoignage de soi.
- Une description et une analyse de ce qui se joue dans la capacité de l’être humain à configurer narrativement son existence et à biographier de différentes manières son expérience. Il s’agira aussi de s’arrêter sur les effets de cette disposition en relation avec les formes sociohistoriques du rapport de l’individu à lui-même et au monde social.
- Un retour, plus précis, sur les réseaux sociaux et leurs usages en termes de présentation de soi donnant à voir une redéfinition des espaces public et privé.
- Une présentation des pratiques et du vécu des réseaux sociaux chez les plus jeunes générations ainsi que des représentations que ces dernières portent quant à ce qui est personnel/impersonnel ou formulable/informulable dans les formes personnelles de dévoilement de soi.
Bibliographie
Des sources et références seront mentionnées tout au long du semestre. Voici quelques ouvrages essentiels :
-Aubert, N. (2004). L’individu hypermoderne. Paris, Erès.
-Aubert, N., Haroche, C. (2011). Les tyrannies de la visibilité, Le visible et l'invisible dans les sociétés contemporaines. Toulouse, Erès.
-Casilli, A (2010). Les Liaisons Numériques. Vers une nouvelle sociabilité ? Paris. Seuil.
-Dagnaud, M. (2011). Génération Y : Les jeunes et les réseaux sociaux, de la dérision à la subversion. Presses de Sciences Po.
-Goody, J. (1979). La raison graphique. La domestication de la pensée sauvage. Paris, Ed. de Minuit.
-Lejeune, P. (1971). L’autobiographie en France. Paris, A. Colin.
-Lejeune, P. (1975). Le pacte autobiographique. Paris, Seuil.
-Lejeune, P. (1998). Pour l’autobiographie. Paris, Seuil.
-Mercklé, P. (2011). La sociologie des réseaux sociaux. Paris, La Découverte.
-Millerand, F., Proulx, S., Rueff, J. (Dir.). (2010). Web social. Mutation de la communication. Québec. Presses de l’Université du Québec.
-Moati, P. (Dir.). (2005). Nouvelles technologies et modes de vie. Aliénation ou hypermodernité ? Paris. L’Aube.
-Corcuff, Ph., Le Bart, Ch., Singly, F. De (dir.), et al. (2010). L’individu aujourd'hui. Débats sociologiques et contrepoints philosophiques. Rennes. Presses universitaires de Rennes, colloque de Cerisy.
Informations complémentaires
Année 2023 / 2024 - semestre 2
Lundi de 18h à 20h
Premier cours le lundi 22 janvier 2024.