Aujourd’hui les psychologues reçoivent dans leurs cabinets de nouveaux types de patients qui viennent à cause des angoisses que leur suscitent les effets de la crise écologique. L’éco-anxiété est donc devenu un phénomène significatif qui touche de plus en plus de personnes dans notre société occidentale et industrialisée. S’agit-il d’une nouvelle pathologie à laquelle la toute aussi émergente écopsychologie saurait répondre ? La crise sanitaire que nous traversons, en plus de la crise écologique et ses manifestations familières, vient-elle encore aggraver le phénomène ? La spiritualité de l’écologie peut-elle être une piste de solution en vue d’un positionnement éthique et sanitaire plus ajusté pour la protection de la planète ? Ou faut-il sortir des imaginaires écologiques fondés sur l’espérance pour retrouver la paix ? Ce cycle de conférences abordera ces différentes questions afin d’apporter des clés d’intelligibilité et de sens à ce nouveau phénomène.
Toutes les conférences de ce cycle seront proposées en présentiel et en distanciel
Composer des temps paysages : une réponse à l’éco-anxiété
Mercredi 22 février 2023 - 18h30-20h30
Bernadette BENSAUDE VINCENT, philosophe, professeure émérite à l’université Paris I (Panthéon-Sorbonne)
Face au changement climatique et aux multiples dégâts environnementaux, on observe une inquiétude pour l’avenir, notamment chez certains jeunes. Cette angoisse d’anticipation conduit souvent au catastrophisme (ou collapsisme), à une image inversée des promesses d’avenir radieux diffusées dans les hymnes au progrès.
Composer des temps paysages, c’est plonger dans le présent au lieu de fantasmer l’avenir pour penser et vivre le temps en relation avec un milieu. C’est prêter attention à la multiplicité des temporalités qui tissent un paysage pour tenter de composer en un devenir soutenable.
Eco-anxiété et eco-psychologie
Mercredi 1er mars 2023 - 18h30-20h30
Michel MAXIME EGGER , Sociologue et écothéologien
N’est-il pas légitime et même juste de souffrir d’une planète en souffrance ? Pour nombre d’écopsychologues, l’éco-anxiété est un réflexe sain du corps et de l’âme, une forme d’alerte ou de réaction fondamentalement « normale » à une situation qui ne l’est pas. D’où leur appel à honorer et « composter » les émotions douloureuses
qui la constituent – peur, tristesse, impuissance, colère, découragement… – pour les transformer en sources de résilience et en engrais pour l’engagement. La reconnexion profonde au vivant, dont nous faisons partie et qui fait partie de nous jusque dans notre inconscient, est une clé de ce processus de transformation.
« Le rôle de l’espérance face à la crise écologique »
Mercredi 8 mars 2023 - 18h30-20h30
Fabien REVOL, Philosophe et théologien, UCLy
L’éco-anxieté serait-elle le signe que, face à la crise écologique, notre société n’est pas en mesure de fournir un récit commun capable de susciter une espérance dans le cœur des personnes ? Le discours écologique dominant fondé sur le catastrophisme entretient une perspective écologique fondée sur la peur de la catastrophe et des imaginaires écologiques décrivant des apocalypses sans royaume. Or, le principe responsabilité de Hans Jonas n’est pas fondé sur la peur de la disparition de l’humanité mais sur l’amour de l’espèce humaine. De même, l’écologie intégrale, issue de la Doctrine sociale de l’Église catholique, tout en étant à l’écoute « de la clameur de la terre et de la clameur des pauvres », insiste sur le fait que l’engagement pour la sauvegarde de la création ne dépend pas de la crise écologique mais découle naturellement de l’expression de la vie spirituelle et de ses ressources. Quels outils l’écologie intégrale peut-elle ainsi fournir pour générer des imaginaires écologiques porteurs de sens et d’espérance pour une vie authentiquement humaine dans la maison commune ?
Eco-anxiété, signe de lucidité ? Proposition d’une lecture écopsychologique
Mercredi 29 mars 2023 - 18h30-20h30
Sarah KOLLER, Doctorante en sciences de l’environnement, Université de Lausanne (Suisse)
Objet d’intérêt croissant en matière de santé publique et de recherche, l’écoanxiété peut se concevoir comme le résultat d’une sorte de réveil (douloureux mais nécessaire) face à l’ampleur de la situation écologique. Dans une approche écopsychologique, ce réveil peut se lire comme le signe d’une « reconnexion » humaine à la nature, présente en soi-même et autour. Signe a priori favorable car moteur pour s’engager dans des transformations sociétales profondes, ce réveil peut être vécu comme vertigineux, d’autant plus face à l’inertie des changements
urgents à opérer. Dès lors, comment vivre avec ?
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