Un enseignant-chercheur de l’UCLy au Vatican : Mathieu Guillermin apporte son expertise sur l’Intelligence Artificielle.

Le 14 décembre 2023, Mathieu Guillermin, enseignant-chercheur de l’UCLy, était convié au bureau de presse du Saint-Siège au Vatican. Il commentait, au cours d’une conférence de presse, le message du Pape François pour la célébration de la 57e journée mondiale de la paix.

Loin d’être anecdotique, cette invitation valorise et reconnait le travail de recherche de l’enseignant-chercheur dans le domaine de l’Intelligence Artificielle.

Le discours du Pape François : « Intelligence artificielle et paix »

Il est désormais traditionnel que le Pape adresse à la communauté internationale, à l’occasion du 1er de chaque an, un message célébrant la journée mondiale pour la paix, publié sur le site internet du Vatican. L’année 2024 marque le 57e anniversaire de cette tradition.

Depuis son élection en 2013, les messages du Pape François incitent principalement à des actions de solidarité, d’entraide et de compréhension de l’autre.

Cette année, il s’est prononcé sur l’intelligence artificielle - une thématique dense, omniprésente dans l’actualité de 2023.

Dans son texte intitulé « Intelligence artificielle et paix », le Pape François développe une réflexion approfondie en huit points, conscient des potentiels avantages et des potentiels dommages que l’utilisation de l’IA peut avoir sur nos sociétés. D’une manière générale, il soutient que le progrès technologique doit œuvrer pour faire avancer l’être humain vers des sentiers de paix. « Lorsque les êtres humains, ''avec l’aide de la technologie'', s’efforcent de faire de la terre ''une demeure digne de toute la famille humaine'', ils agissent selon le plan de Dieu et coopèrent à sa volonté de porter à son achèvement la création et de répandre la paix parmi les peuples. »

Son discours, loin de rejeter l’utilisation de l’Intelligence Artificielle, est un appel auprès des États à légiférer, pour ne pas sombrer dans la déshumanisation.

« J' exhorte la Communauté des nations à travailler ensemble afin d’adopter un traité international contraignant qui réglemente le développement et l’utilisation de l’intelligence artificielle sous ses multiples formes. »

Pape François, Intelligence artificielle et paix

La conférence de presse

Chaque année, le Vatican sollicite l’avis de plusieurs spécialistes pour commenter les idées diffusées par le message papal, lors d’une conférence de presse. Cette sélection assoit la reconnaissance d’une expertise dans un domaine spécifique.

Invité à cette conférence de presse fin 2023, Mathieu Guillermin, enseignant-chercheur de l’UCLy, à eu l’honneur de pouvoir commenter « Intelligence artificielle et paix » en tant qu’expert reconnu par le Vatican. À ses côtés se tenaient le Cardinal Michael Czerbyn, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral, Riccardo Lufrani, professeur de théologie et de théologie des technosciences à l’Université de Rome LUMSA, et Barbara Caputo, professeure à l’école polytechnique de Turin et co-fondatrice de Focoos AI.

Mathieu Guillermin s’est spécialisé sur les sujets ayant trait à l’Intelligence Artificielle et particulièrement sur les questionnements éthiques qu’elle soulève. Ces questionnements devenus primordiaux alors que la présence de l’IA est de plus en plus prévalente dans nos sociétés, il les articule notamment au travers du projet de recherche international NHNAI – Nouvel Humanisme au temps des Neurosciences et de l’Intelligence Artificielle (porté par l’Unité de Recherche CONFLUENCE : Sciences et Humanités) qu’il coordonne. NHNAI a pour vocation d’être une boussole éthique résultant de travaux impliquant le grand public à travers des débats sociétaux. 

Au cours de la conférence de presse, l’enseignant-chercheur met en avant la prise de position encourageante du Pape vis-à-vis de l’Intelligence Artificielle : « A message of hope as, far from any technophobic rejection, it recognizes the great positive potential of AI » (Un message d’espérance loin de tout rejet technophobe, qui reconnait le grand potentiel positif de l’IA »).

Là où le Pape alerte, il acquiesce et apporte plus de nuances. Effectivement, comme souligne François, il est nécessaire de faire attention à ce que l’être humain ne se retrouve pas à « perdre le contrôle de lui-même » et « tomber dans la spirale d’une dictature technologique ». Il est important que la notion de contrôle reste un paramètre constant dans le développement de l’Intelligence Artificielle, mais cet effort ne doit pas être un frein à la réflexion : « However, this effort towards ever more control should not blind us to the necessity to reflect upon ends and intentions » (Cependant, cet effort vers toujours plus de contrôle ne doit pas nous faire oublier la nécessité de réfléchir aux fins et aux intentions).

Mathieu Guillermin défend également l’idée que malgré une certaine fiabilité des algorithmes, on ne peut pas uniquement se reposer sur eux. Il est important de garder un espace pour l’humain dans nos prises de décisions : « Algorithms may be able to reliably predict diagnoses based on medical images, levels of risk in banking or judicial matters, etc., but we can never integrally and uncritically rely on them» (Les algorithmes peuvent être capables de prédire de manière fiable des diagnostics basés sur des images médicales, des niveaux de risque dans les affaires bancaires ou judiciaires, etc., mais nous ne pouvons jamais nous y fier entièrement et sans esprit critique). Sa conclusion ouvre sur plusieurs réflexions, la dimension philosophique devient concrète et ses questionnements déploient les possibles :

“Do we do science only to control or do we also want to understand? Do we go to school only to learn to ensure a given function, to provide the right outputs in response to given inputs? Is the purpose of life to satisfy as fast as possible our superficial desires? Seeking maximal efficiency through AI in a narrow perspective could be catastrophic” (Faisons-nous de la science uniquement pour contrôler ou voulons-nous aussi comprendre ? Allons-nous à l'école uniquement pour apprendre à assurer une fonction donnée, à fournir les bons résultats en réponse aux données qui nous sont présentées ? Le but de la vie est-il de satisfaire le plus rapidement possible nos désirs superficiels ? La recherche d'une efficacité maximale par l'IA dans une perspective étroite pourrait être catastrophique.)

Présentation de l'Unité de recherche Confluence Rhône

La recherche scientifique à l’UCLy est devenue une priorité qui s’est traduite par la création de cette Unité de Recherche

 

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