Les trois mages malgaches de l’UCLy

Ils sont trois. Fabrice, Jean-Jacques et Prosper, trois étudiants malgaches à avoir quitté leur terre natale pour rejoindre les bancs de l’UCLy à la rentrée de septembre. Très discrets, souriants, vous les avez peut-être rencontrés dans une salle de classe ou au hasard d’un couloir : tous trois ont entamé le parcours de licence théologique en vue du sacerdoce.

Religieux de la congrégation de Notre Dame de la Salette, ils amènent avec eux leur culture, leur "Fihavanana", cet art de vivre propre à l’île de Madagascar qui pourrait se traduire par « entraide, solidarité ». Curieux de les connaître, nous nous sommes donc permis de leur poser quelques questions.

Le choix d’une vocation

Contrairement à nos vieux pays d’Europe, Madagascar ne connaît pas la crise des vocations. Fabrice, 23 ans, le plus jeune du groupe raconte que sa vocation remonte à l’enfance, même s’il a traversé une période de doute et d’éloignement à la fin de l’adolescence. Jean-Jacques, 30 ans,  a grandi dans une famille chrétienne mais a commencé une vie professionnelle. Jusqu’au jour où un missionnaire de la Salette l’a pris sous son aile et l’a finalement encouragé à entrer au noviciat. Prosper, 29 ans, a lui aussi grandi dans une famille très pratiquante, et c’est le message de la Vierge aux petits bergers de la Salette qui l’a mis en route.

Dieu, nous le savons, a plus d’un tour dans son sac pour nous attirer à lui. Ce sont parfois de petites choses qui permettent de franchir le pas. Pour nos trois étudiants c’est la présence d’un oncle, d’un prêtre de la famille, ou bien encore un témoignage qui leur a permis de se décider à entrer au séminaire. Avec tous les petits clins d’œil qui vont avec : pour Fabrice, grand sportif devant l’Éternel, c’étaient les parties de foot organisées chaque jour au séminaire qui l’ont décidé. « Pardon, c’est un peu ridicule mais c’est la manière dont Dieu m’a appelé » dit-il malicieusement. Car après, bien sûr, son désir de devenir prêtre s’est approfondi. Prosper, lui, avait une attirance particulière pour les vêtements blancs des célébrants. Aujourd’hui, il en sourit, car derrière le vêtement blanc il a découvert toute la force de l’Évangile qu’il veut proclamer. Nos trois étudiants sont issus de familles nombreuses comme c’est souvent le cas à Madagascar. Mais si les séminaires là-bas sont remplis, ils entretiennent une collaboration étroite avec la France, et beaucoup de candidats au sacerdoce viennent dans l’hexagone pour terminer leur cursus universitaire.  

Le choc des cultures

Timidement, Fabrice, Jean-Jacques et Prosper ont pris leurs marques à la faculté de théologie. Pas facile quand on ne maitrise pas encore totalement la langue et qu’on découvre une façon de vivre radicalement différente de la sienne. Unanimement ils reconnaissent avoir été bien accueillis à la faculté, beaucoup d’étudiants français cherchant à les aider dans leurs démarches, ou la prise de notes pendant les cours. Néanmoins le choc des cultures a été rude pour eux, tout était nouveau, la langue bien sûr, mais aussi le climat, la nourriture, (là-bas on mange du riz à tous les repas !) les us et coutumes particuliers. Par-dessus tout, ils découvrent l’individualisme typique du continent européen, individualisme qui leur est complètement étranger. A Lyon, nous dit Fabrice « quand on marche dans la rue personne ne nous dit bonjour. A Madagascar partout on entend Salama, salut ! ».

Et Jean-Jacques de renchérir « à Madagascar tous les matins les fils demandent à leurs parents s’ils sont en bonne santé. Ici, personne ne vous demande si vous êtes en bonne santé ! ». « Ce qui est typique de chez nous, c’est la culture du "Fihavanana» explique Prosper. « C’est un mot malgache qui signifie solidarité en français. Quand on prend le train ici en France, les personnes viennent s’asseoir à côté de nous sans souffler mot et mettent leur casque audio sur les oreilles. A Madagascar, quand on se rencontre, on parle beaucoup, on dialogue, on partage ». Cette froideur, cette indifférence dans la manière d’être en relation coûte beaucoup à nos trois étudiants. Mais en revanche Fabrice se dit sensible au caractère authentique du français qui sait montrer ses sentiments. « Ce n’est pas du tout le cas des malgaches. Car pour sauvegarder le Fihavanana, on doit éviter la dispute à tout prix, pour ne blesser personne ». Quitte à faire preuve d’un peu d’hypocrisie.

Un trésor à transmettre

« Si tu deviens prêtre est-ce que tu te cacheras sous l’autel ?! » a déclaré un jour le provincial de Madagascar à Jean-Jacques, faisant référence à sa grande timidité. Une réflexion dont il se souvient, mais comme il a aussi le sens de l’humour, il l’utilise pour vaincre cette timidité naturelle. De plus, la perspective d’être prêtre et donc de rencontrer les fidèles le stimule. Jean-Jacques veut être proche d’eux et disponible. C’est pour cela que sa parole de prédilection est Isaïe 41, 10 « Ne crains pas : je suis avec toi…. Je te soutiens de ma droite triomphante». « Cette devise me console, ajoute Jean-Jacques, le Seigneur est toujours à mes côtés, et il me dit "Vas-y Jean Jacques" ! »

La timidité est aussi un frein dans la vie de Prosper qui, nous dit-il, « tremble quand il doit s’exprimer en public ! » Mais  sa joie naturelle, et son désir de porter l’évangile le poussent en avant. L’humilité est la qualité qu’il veut acquérir et la parole qui le fait vivre se trouve en Matthieu 20, 28 : « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir ».

Fabrice, de son côté, serait plutôt du genre fonceur. Il dit ne pas trop se poser de questions, et quand il a des doutes ou des combats personnels, il se rappelle que « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisi » (Jn 15, 16 ). Il se place aussi sous la protection de la Vierge Marie qui dit aux Noces de Cana « faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2, 5).

Hélène Prono

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