Axe 2 : La vulnérabilité de la personne

Responsables d'axe : Pascale Boucaud, Professeur, Directrice de la Chaire Unesco, Frédérique Longère, Maître de conférences des Universités catholiques

Publié le 6 mars 2015 – Mis à jour le 24 octobre 2016

Appréhendée par de multiples disciplines, la vulnérabilité suscite réflexions et questionnements. Depuis une vingtaine d'années déjà, les études en sciences humaines - mais aussi en sciences appliquées - se sont emparées du concept afin de discerner ce qu'il révèle du rapport des personnes à des sociétés en mutation, profondément transformées par des bouleversements tant socio-économiques que politiques.

Philosophes[1] et sociologues[2] ont été et continuent d'être leaders dans l'étude du concept de vulnérabilité et de ses manifestations concrètes. Force est toutefois d'observer que les juristes leur ont bien vite emboîté le pas pour placer la vulnérabilité de la personne au cœur de leurs activités.

Concept aux multiples facettes, la vulnérabilité est universelle et constante, inhérente à la condition humaine. En effet, la vulnérabilité peut être due à l'âge, à l'état ou à la situation de la personne (mineurs ou majeurs à protéger ; femmes enceintes ; personnes en « déserrance » en même temps qu'en quête d'espérance ; personnes malades, âgées ou en fin de vie) ; elle peut également être liée à l'appartenance de la personne à un groupe ou à une minorité (qualifié(e) de vulnérable par la Cour Européenne des droits de l'Homme, tels les Roms, les porteurs du VIH, les enfants migrants non accompagnés).

Eu égard à l'extraordinaire richesse intrinsèque du concept, l'approche de la vulnérabilité gagne à être renouvelée pour être appréhendée, par le prisme de l'interculturel et de l'éthique, comme alternative à l'analyse traditionnelle axée essentiellement sur la protection de la personne ou la lutte contre la discrimination à l'encontre de groupes de personnes définis. Aussi, l'éclairage sera porté sur la façon dont les États, les institutions et autres structures sociales engendrent consubstantiellement de nouvelles formes de vulnérabilité. Dès lors, une approche plus réaliste de la justice et de la responsabilité pourra être proposée afin de répondre humainement et efficacement aux diverses formes de vulnérabilité de la personne.

[1] Sen Amartya et Nussbaum Martha, Commodities and Capabilities, OUP India, 1999 (ISBN978-0195650389). Honneth Axel, La lutte pour la reconnaissance, Editions du Cerf, 2000.

[2] Castel  Robert, La montée des incertitudes : travail, protections, statut de l'individu, Paris, Éd. du Seuil, 2009.