Présentation de la deuxième année du projet de recherche
Nous privilégions cette année le rapport à l’espace, qui n’est jamais tout à fait homogène pour un sujet humain, qui de ce fait oblige à des contournements, des formes d’évitement ou stratégies de rencontres, quand nombre d’espaces interstitiels, a priori invisibles et discrets se laissent dévoiler, apprivoiser notamment par l’enfant, en quête de petites maisons, cabanes ou espaces dissimulés à la vue des adultes, dont les secrets portent les premiers souvenirs, à l’instar des livres d’images chargés de couleurs, de rituels, de symboles et de sonorités qui permettent de grandir.
Adultes, nous les traversons, ces interstices, dont la profondeur échappe, dont la tessiture reste insaisissable, quand bien même chacun s’efforce, depuis sa mémoire et quelques points d’ancrage symboliques de retrouver la maison de l’enfance, celle dans laquelle nous nous tenons, à distance ou au plus près, qui parfois fait retour, charriant avec elle les traces d’une enfance oubliée, à l’instar d’une marelle que nous pouvons encore dessiner, de la terre jusqu’au ciel, sans pouvoir pour autant nous souvenir du chemin, du motif dessiné à la craie.
L’expression artistique, le dessin, la peinture et l’élaboration d’une œuvre, à titre individuel et/ou collectif favorise l’accès pour chacun à la « part d’enfance restée pliée », selon l’expression du dramaturge Jean-Claude Grumberg, auteur du conte moderne La plus précieuse des marchandises (2019), porté à l’écran (2024), via le médium du film d’animation, par le réalisateur Michel Hazanavicius.
L’architecte psychanalyste Olivier Marc écrit, à propos de la maison cercle : « En traçant sa maison autour de lui, l’homme « descend » ainsi le ciel sur la terre. […] Obéissant aux lois de la pesanteur, il connait les effets de la gravitation et pour isoler son lieu privilégié du reste du monde, dresse un mur circulaire plus haut que sa tête, y laissant un passage muni d’un seuil pour ne pas confondre le ciel avec la terre et le dedans avec le dehors. L’axe imaginaire auquel il s’est identifié pour tracer le contour de sa maison se dresse à la verticale, et quand il devra couvrir son espace, il hissera la pointe de son toit au plus haut de cet axe, dans un geste d’union du bas vers le haut. Il y reliera ainsi l’espace de la maison par le toit ». Olivier Marc, Psychanalyse de la maison, Paris, Seuil, 1972, p. 61.
Pour cette seconde année, nous articulons recherche scientifique et artistique dans la perspective de revenir, approfondir la manière dont nous circulons dans l’espace : ici et maintenant, d’une part ; demain, d’autre part. Quelles représentations de nos lieux d’activités, personnelles et professionnelles, quelle place pour nos espaces privés, domestiques, intimes, quels que soient nos âges et conditions sociales ? Comment habitons-nous, seul ou avec autrui ? Comment habiterons-nous dans un a-venir proche et plus lointain ? Quelles perspectives partager, imaginer préparer plutôt que subir ?