Culture(s), langue, imaginaires

Pôle 3

Les chercheurs de ce pôle s’intéressent notamment au rapport dialectique entre espace et mouvement, sous l’angle de l’articulation entre le proche et le lointain, dans la langue, le discours, la littérature et l’imaginaire.

Problématique et objectifs du pôle de recherche

"On ne connaît la culture qu’à travers les cultures, le langage qu’à travers les langues."

Edgar Morin

Le pôle « Culture(s), langue, imaginaires » se caractérise par des recherches transdisciplinaires qui ont pour but d’interroger les représentations véhiculées par la langue, la littérature et le discours. Ses membres travaillent sur des corpus anciens et contemporains issus de différentes aires culturelles, dans une perspective à la fois synchronique et diachronique.

Par une approche comparative, permettant de mettre en dialogue diverses représentations, les recherches du pôle visent à dessiner les contours de l’imaginaire sur un objet donné. Dans un monde contemporain ouvert et complexe, il s’agit de faire la part des singularités culturelles pour mettre en évidence l’imaginaire, ce système dynamique de représentations partagées, ce patrimoine symbolique commun qui fait l’unité du genre humain.

C’est d’abord la langue qui se fait le dépositaire des représentations d’une communauté. Les recherches entreprises comprennent donc un volet terminologique et entendent mettre en valeur un patrimoine lexical (notamment celui des langues régionales).

Entendu dans son sens le plus large (écrit et oral, voire visuel), le discours est intéressant en tant que voie d’accès privilégiée à l’imaginaire ; dans cette perspective, le but est d’analyser les dynamiques du discours pour y observer des transferts sémantiques et (inter)culturels, des influences réciproques, des syncrétismes, des évolutions, des contrastes dans les termes et les représentations.

Si la littérature tient elle aussi un discours sur le monde, se faisant le vecteur d’idées et de représentations, elle le médiatise par des moyens qui lui sont propres, qu’il s’agisse du détour de l’image, de la mise en scène ou en récit, de la recherche du beau, etc. C’est ce mouvement de va-et-vient entre le monde et ses représentations qu'il s'agit d'étudier.

Thématiques de recherche

  • Patrimoines linguistiques et culturels de la Région Auvergne-Rhône-Alpes
  • Dynamiques du discours, de l’interculturalité et de la traductologie
  • Représentations littéraires et artistiques du monde et de l’homme

Organisation du pôle de recherche

Responsable du pôle : Dr. Maria-Laura MORENO SAINZ, Maîtresse de conférence en sociologie

Nombre d’enseignants-chercheurs : 13

Enseignants-chercheurs membres du pôle :
Dr. Fabio ARMAND, Dr. Béatrice BLANCHET, Dr. Moreno CAMPETELLA, Dr. Olivier FERRANDO, Pr. Claudine FRÉCHET, Dr. Julien GUINAND, Dr. Aude JEANNEROD, Dr. Véronique MAGAUD, Pr. Volker MECKING, Dr. Ali MOSTFA, Dr. Dominique VINAY, Dr. Aude VOLPIHAC


Projet phare 2020 - 2025

« Proximité n’équivaut pas toujours à familiarité, pas plus que dépaysement ne rime nécessairement avec exotisme »

Therrien, 2008

Pour la période 2020-2025, les recherches du pôle « Culture(s), langue, imaginaires » s’intéressent au rapport dialectique entre espace et mouvement, sous l’angle de l’articulation entre le proche et le lointain, dans la langue, le discours, la littérature et l’imaginaire.

Espace(s) et mouvement(s)

L’espace, thème au cœur de notre projet, apparaît dans l’imaginaire (à travers les représentations véhiculées par la langue, la littérature, le discours) comme une notion fondamentalement polysémique et multidimensionnelle. Nous entendons focaliser notre attention sur le lien entre espace et mouvement, bien que cet aspect dynamique n’en constitue pas la seule approche possible.

Trois dimensions transversales de la thématique spatiale peuvent nous intéresser :

La dimension concrète, tangible de l’espace

L’ici, le sol (non seulement surface, mais aussi espace vertical, constitué de strates), l’environnement, le territoire… Qu’il soit habité par l’homme (l’oikos, l’habitat, l’environnement non humain, accueillant ou hostile) ou bien inhabité et supposé vide (espace pensé comme « à conquérir », imaginaire des grands espaces), on pourra envisager, par exemple :

  • l’espace vierge, sauvage, naturel, peuplé de non-humains ;
  • l’espace conquis, sur Terre (conflits, guerres) et au-delà (la conquête spatiale et l’imaginaire de puissance, la notion de frontière…) ;
  • l’espace de travail, l’implantation de l’entreprise, des organisations ;
  • une des modalités spécifiques de l’espace, qui est le lieu devenu territoire : le lieu habité, façonné, délimité, cartographié, modélisé, etc. (Aït-Touati et alii, 2019) ; le terme territoire s’entend dans plusieurs sens et ce faisceau de significations semble pouvoir nourrir différentes approches de la problématique qui articule le proche et le lointain.

La dimension dynamique

L’espace dans sa fluidité, insaisissable ; le va-et-vient entre le proche et le lointain ; les flux, les circulations, les échanges. L’espace n’est pas homogène ni univoque, encore moins statique ; au contraire l’espace semble une notion complexe, un lieu (réel ou symbolique) où s’entremêlent et se chevauchent des individus, humains et non-humains (Morizot, 2016), des groupes sociaux, religieux, politiques, etc. De nombreux espaces se côtoient ou s’entrecroisent, la frontière s’épaississant en une zone de contacts et d’échanges.

On pourra s’interroger, entre autres, sur :

  • l’importance des interactions, des conflits, des marchandages divers… ;
  • les flux et circulations en tous genres (financiers, humains et non-humains) ;
  • le nomadisme et son « territoire flottant » (Maffesoli, 2006) ;
  • le dépaysement et la « déterritorialisation » (Geronimi, 2006), les diasporas ;
  • l’expatriation, la délocalisation (et l’internationalisation) des entreprises ;
  • les espaces de circulation, de mouvement, les routes, les trajets, les migrations, la mobilité, les déplacements, les itinéraires, les déménagements, les voyages et les découvertes.

La dimension symbolique

L'espace représenté, c’est-à-dire le lieu tel que l’homme l’habite par l’imaginaire ; il s’agit alors d’une catégorie mentale plus que d’une réalité objective, qui s’actualise dans le discours, la langue, la littérature. Quelles que soient sa nature et sa visée (politiques, esthétiques, religieuses, managériales, médiatiques...), le discours tenu au sujet de l’espace construit et véhicule des représentations particulières. Il s’agit donc d’examiner à travers diverses approches comment un groupe s’empare d’un espace (ou territoire) sur le plan de l’imaginaire et en reconfigure ainsi la géographie symbolique, pour son propre usage (afin de se constituer une identité) mais aussi à l’usage de l’autre (afin de définir ses relations avec l’altérité).

On pourra approcher des discours et représentations liés, par exemple, à :

  • la dichotomie espace public / espace privé (à travers, par exemple, l’usage que fait telle ou telle communauté religieuse, militante ou autre de ces deux espaces) ;
  • l’espace social ;
  • les espaces de liminalité (les interstices, les brèches, les porosités, l’entre-deux, les passages…).

Le proche et le lointain

Ces deux notions rendent compte des relations qu’entretiennent les individus et/ou les groupes entre eux, avec l’espace et le(s) territoire(s), mais aussi avec d’autres espèces, animales, végétales, non humaines, et elles permettent d’envisager les rapprochements, les rejets, les conflits, les affiliations, les désaffiliations, les revendications de « bouts d’espaces », les coexistences ou cohabitations au sein d’un espace partagé, la définition de Soi et de l’Autre (humain ou non-humain), etc.

La proximité et l’éloignement peuvent bien sûr être envisagés sous des angles multiples : nous entendons les observer sous le prisme de l’espace (des espaces) et du (des) mouvement(s) tout en gardant à l’esprit les problématiques transversales à toute thématique que notre Pôle « Culture(s), Langue, Imaginaires » se propose d’aborder. En effet, l’articulation entre proche et lointain et les questionnements qui peuvent y être associés (notamment liés à l’identité, l’altérité et la mémoire) sont sous-tendus par le symbolique et l’imaginaire, qui peuvent être appréhendés par la langue et les discours, innervés par les « fantômes », voix et affects qui nous habitent et qui sont mouvants/mobilisés en fonction des relations que l’on entretient avec les endo/exo-groupes, les autres espèces et en fonction des enjeux qui s’y agrègent, sans négliger les aspects culturels qui contribuent à modeler l’imaginaire.


Proximité et éloignement interrogent, par exemple :

  • les relations aux espaces, aux mouvements (voyages, exil, déplacements de population, etc.), les différentes catégorisations qui sont en jeu en diachronie comme en synchronie, d’un point de vue insider ou/et outsider, les bénéfices identitaires qui y sont associés tout comme les imaginaires qui les sous-tendent et qui en retour nourrissent ces derniers.
  • les relations homme/animal/non-humain et ce qu’elles nous disent de nous-mêmes et des autres (individus, sociétés, cultures), de nos paradigmes, de nos imaginaires : anthropocentrisme, antispécisme, militantisme écologiste, etc.
  • les investissements symboliques dans la définition de Soi et de l’Autre, pour les questions liées aux résurgences et revendications identitaires, aux hybridations, aux mémoires (fantasmées, censurées, revendiquées), au religieux, aux enjeux politiques de ces phénomènes.

Notre approche est résolument pluridisciplinaire et interculturelle, en privilégiant lorsque c’est possible une optique comparatiste et toujours dans un dialogue fructueux entre une perspective synchronique et une perspective diachronique.

Appel à communication pour le colloque du projet phare

Le prochain colloque annuel autour de son projet phare les 30 et 31 mai 2024, au tour du thème "Les frontières naturelles : une notion à déconstruire - Stratégies, enjeux, perceptions, langages, imaginaires". Un appel à communication est lancé.

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Recherche & Formation

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