La musique, les hommes et les dieux - n° 4

Le numéro 4 de la Revue CONFLUENCE : Sciences & Humanités paraîtra ce mois-ci. Co-dirigé par la biologiste Claire Brun et le géographe Frédéric Lamantia, il se structure autour d’un dossier intitulé « La musique, les hommes et les dieux » qui rassemble, en plus d’une introduction fournie, six articles reflétant la pluridisciplinarité promue par la revue.

À ce titre, la question est abordée par les perspectives de la biologie, la géographie, la théologie, la littérature comparée, la musicologie ou encore les neurosciences. Ils s’attachent à montrer en quoi l’être humain dans ses différentes dimensions – culturelle, sociale, spirituelle, biologique – est un être musicien, et en quoi la musique marque divers aspects de l’activité humaine : si elle se trouve au cœur de modes d’expression artistique, identitaire, mais aussi de pratique thérapeutique, elle engage un pouvoir émotionnel, de la cohésion sociale, des expérience esthétiques et de transcendance. Elle accompagne de ce fait chaque moment de la vie, humaine mais aussi animale. Parmi les auteurs, notons la participation du professeur Hervé Platel, neuropsychologue réputé internationalement pour travaux sur les rapports entre la musique, le cerveau et la mémoire.

Marina Rougeon, coordinatrice éditoriale de la Revue CONFLUENCE : Sciences & Humanités

Prolégomènes

Pour les Grecs anciens, la musique n’était pas un domaine séparé des sciences et de la philosophie. Étudiant simultanément le ciel et les sons émis par les cordes vibrantes, Pythagore utilisa ses connaissances en mathématiques pour établir la gamme musicale avec ses sept notes auxquelles il fit, de manière symbolique, correspondre les sept planètes. Cette gamme a été utilisée jusqu’au XVIIe siècle et les théories pythagoriciennes de l’ « harmonie des sphères » se sont largement diffusées durant l’Antiquité. Même s’il a pris des formes variées, ce dialogue entre l’art et la science s’est poursuivi dans le monde occidental. Pour Pythagore, puis pour les néoplatoniciens, les mathématiques et l’astronomie permettent de comprendre la musique qui est elle-même source de connaissance métaphysique.
Art des sons et harmonie céleste, la musique se voit donc aussi associée au divin. Elle occupe une place centrale dans le christianisme. Dans sa lettre aux artistes, le pape Jean-Paul II écrit :
L’Église a besoin des musiciens. Combien de compositions sacrées ont été élaborées, au cours des siècles, par des personnes profondément imprégnées du sens du mystère ! D'innombrables croyants ont alimenté leur foi grâce aux mélodies qui ont jailli du cœur d’autres croyants et sont devenues partie intégrante de la liturgie […]. Par le chant, la foi est expérimentée comme un cri éclatant de joie et d’amour, une attente confiante de l’intervention salvifique de Dieu.[1]
Ainsi, loin d’être un simple divertissement, la musique est un phénomène intégral, qui concerne les humains, la nature et le divin. C’est dans cette optique que ce dossier de la Revue CONFLUENCE : Sciences & Humanités se situe. Il fait également droit au dialogue interdisciplinaire en croisant la géographie, la littérature, la neuropsychologie, la biologie, l’ethnologie et la théologie. Enfin il défend une thèse stimulante : à la lumière des découvertes scientifiques récentes, il nous invite à ne pas restreindre la musique à la diversité de ses
formes, de ses fonctions et de ses productions culturelles, mais à la considérer
comme un invariant : « La musique est au cœur du vivant ».

Valérie AUBOURG,
Directrice de la rédaction

[1] Lettre du Pape Jean-Paul II aux artistes, avril 1999. URL : https://www.vatican.va/content/john-paul-
ii/fr/letters/1999/documents/hf_jp-ii_let_23041999_artists.html

Introduction du dossier
La musique au cœur du vivant

La musique est certainement liée à l’humanité depuis ses origines. À travers les siècles, philosophes, écrivains et scientifiques ont cherché à comprendre de quelle manière la musique transformait le fonctionnement de l’esprit et influençait nos émotions et notre comportement. Toutes les religions semblent avoir entretenu avec elle des relations complexes, évoluant dans le temps et l’espace, entre rejet catégorique et intégration obligée à l’exercice du culte. De par son immatérialité, la musique paraît être la forme artistique la plus apte à mettre en mouvement des sentiments et à permettre une extériorisation d’émotions propres à chaque individu indépendamment de sa croyance. Cet aspect insaisissable lui confère une propension à la transcendance. Son pouvoir émotionnel lui octroie en outre une force de cohésion sociale très importante. Depuis une trentaine d'années, les neurosciences cognitives s’intéressent à la musique et à ses effets sur le fonctionnement cérébral et cognitif. Les études comportementales et de neuroimagerie ont ainsi révélé une importante réactivité du cerveau aux stimulations musicales, qui explique que l’être humain est un être musicien dans son essence même.

Clair BRUN et Frédéric LAMANTIA

Sommaire

Dossier

Introduction : La musique au cœur du vivant
Clair BRUN et Frédéric LAMANTIA
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Le chant de la communication animale
Clair BRUN et Jean-Marie EXBRAYAT
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Musique, cerveau et mémoire : une approche neuropsychologique
Hervé PLATEL
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Pour une via pulcbritudinis musicalis
François-Xavier AMHERDT
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Glossolalia: the language of angels ?
A comparative look at Pentecostal and charismatic milieus in Réunion Island
Valérie AUBOURG
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La religion de Richard Wagner, entre art et sacré
Olivier Sauvage
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Partitions nationales, ou quand la musique attache au territoire
Frédéric LAMANTIA
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Varia

Enseignement supérieur : tendances et défis futurs
Corinne MELLUL
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Thèses soutenues à l'UCLy en 2022-2023

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