Gustavo Gutiérrez, père de la théologie de la libération
Gustavo Gutiérrez (1928-2024), prêtre dominicain péruvien et théologien de renommée mondiale, est reconnu comme le fondateur de la théologie de la libération, un courant majeur du christianisme contemporain. Son œuvre, centrée sur la justice sociale, la dignité des pauvres et la fidélité à l’Évangile, a profondément marqué la pensée religieuse du XXᵉ siècle.
Un parcours de foi et d’engagement
Né à Lima (Pérou) dans un milieu modeste, Gustavo Gutiérrez connut dès l’enfance la souffrance et la maladie. Une ostéomyélite l’immobilisa plusieurs années, période qu’il mit à profit pour se plonger dans la lecture et la réflexion philosophique. Après des études de médecine et de philosophie, il choisit la voie du sacerdoce à l’âge de 24 ans.
Envoyé poursuivre sa formation en Europe, il étudia d’abord à l’Université catholique de Louvain, puis aux Facultés catholiques de Lyon, où il suivit des cours de théologie et de philosophie. Il y découvrit notamment la pensée d’Albert Gelin, dont l’ouvrage Les Pauvres de Yahvé eut une influence déterminante sur sa vision du christianisme.
Lyon, un lieu de formation décisif
Attaché à la ville de Lyon, Gustavo Gutiérrez y revint pour soutenir, le 29 mai 1985, sa thèse de doctorat en théologie consacrée à l’ensemble de ses travaux. Il reçut la mention Très honorable sous la direction du dominicain Christian Duquoc. Plus tard, en 1998, il entra chez les dominicains et effectua son noviciat au Couvent du Saint-Nom-de-Jésus de Lyon, symbole fort de son lien durable avec la cité.
Une théologie au service des plus pauvres
Dans les années 1970, son œuvre donna naissance à la théologie de la libération, mouvement invitant l’Église à s’engager activement pour la justice et la lutte contre la pauvreté. Bien que controversée à ses débuts, cette approche fut progressivement reconnue au sein de l’institution ecclésiale.
En 2013, il coécrivit un ouvrage avec le cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, marquant une étape importante dans cette reconnaissance.
Le Pape François lui rendit hommage à plusieurs reprises, saluant « son amour préférentiel pour les pauvres et les exclus ». Gustavo Gutiérrez s’est éteint le 22 octobre 2024, laissant une pensée vivante, toujours actuelle.


