Discours du Recteur Grégory Woimbée à la rentrée solennelle des 150 ans de l’UCLy
À l’occasion de la rentrée solennelle des 150 ans de l’UCLy, le mardi 14 octobre 2025, le Recteur, le Père Grégory Woimbée, a livré un discours fort sur le sens du collectif, la fidélité à la mission universitaire et l’espérance qui anime la communauté de l’UCLy.
Un appel à l’humilité et au service réciproque. Une invitation vibrante à construire, ensemble, une université libre, ouverte et confiante en l’avenir.
mise à jour le 4 novembre 2025
UCLy
L’ancrage dans la tradition ne déçoit pas l’avenir, il le construit
Dès le début de son discours, le Recteur a rappelé combien la tradition universitaire, loin d’être un frein, fonde l’avenir et la continuité du projet de l’UCLy.
« S’il y a bien une leçon que l’Université Catholique de Lyon a apprise depuis sa fondation, c’est que l’ancrage dans la tradition ne déçoit pas l’avenir, mais qu’il le construit.
La rentrée solennelle est un rite important de la vie académique. Les rites semblent un peu étranges dans une société que le regard médiatique rend plus liquide que solide, détachée des grands récits, court-termiste et contradictoire, sûre d’elle-même et incantatoire, sans nuance ni indulgence, sans vision ni profondeur. Le rite nous ramène à une forme de calme et d’apaisement, il nous parle d’enracinement, de collectif et surtout de temps long. Il nous invite à faire preuve d’humilité et de gratitude, à reconnaître une certaine forme d’antériorité et de verticalité, nous rappelant que notre bonheur dépend du sens que nous donnons à nos actions, de la vérité et de l’amour que nous y mettons.
La messe inaugurale que notre Chancelier vient de présider nous rappelle que l’UCLy inscrit le sens qu’elle donne à ses actions dans une Espérance qui dépasse tout ce que les meilleurs d’entre nous pourraient espérer accomplir par leurs propres forces. Espérer est un verbe beau et nécessaire, mais il est fragile et exigeant, il n’agit pas sur commande. Notre chance est de le voir apparaître comme par miracle en filigrane à chaque fois qu’un savoir est élaboré, actualisé ou transmis. Si rien n’est à espérer, alors pourquoi enseigner, pourquoi rechercher, pourquoi servir l’intérêt général, tout ce que nous faisons à l’université est peine perdue.
L’espérance, moteur de la mission universitaire
En citant le pape François, le Recteur invite la communauté universitaire de l'UCLy à être “un chantier d’espérance” :
« Si rien n’est à espérer, alors pourquoi enseigner, pourquoi rechercher, pourquoi servir l’intérêt général ? »
C’est le sens de l’appel lancé par le défunt pape François lors d’une rencontre avec le monde académique à Bologne le 1er octobre 2017 : « Qu’il serait beau que les amphithéâtres des universités fussent des chantiers d’espérance, des ateliers où se prépare un futur meilleur, où on se prépare à être responsable de soi et du monde ! » Cet appel, l’UCLy en a fait son programme.
C’est sans doute pour cela, que, depuis quinze mois que je suis en ces lieux, je ne me suis jamais demandé ce que je pouvais bien faire ici, je n’ai jamais douté de la raison d’être de ma présence ou de mon action. L’accueil serein de la raison d’être donne une force inouïe, parce qu’elle fait accepter sa part de vulnérabilité et d’impuissance, parce qu’elle interdit de se reposer sur d’hypothétiques capacités à faire ceci ou cela, parce qu’elle permet d’engager tout ce qui reste d’énergie sans la moindre peur. La raison d’être nous laisse libre de tenter l’impossible, le bref moment qui nous est donné d’agir.
Dès lors que le « pourquoi » en un seul mot n’est plus en question, on peut se consacrer au pour-quoi en deux mots, à l’avenir, à l’orientation, aux choix à faire, aux décisions concrètes à prendre, qui comportent souvent de nombreux renoncements et sacrifices. Ce pour-quoi en deux mots ne laisse jamais solitaire, il requiert des compagnons et des amis, tous ceux qui vont partager l’aventure. Et l’UCLy est une aventure exceptionnelle.
On ne peut en effet se donner un sens à soi-même ni l’imposer aux autres, ni même accomplir quelque chose de significatif sans d’autres avec soi, ni sans le faire d’abord pour eux. Alors je m’adresse à vous chers collègues, chers membres de notre communauté universitaire, puisque je suis à votre service comme Recteur. Ne vous demandez-pas ce que tel ou tel peut faire pour vous, ni comment il pourra servir vos projets, demandez-vous plutôt ce que vous pourriez faire avec eux et pour eux. Ne gardez que les projets que vous ne pourriez pas faire sans eux, ni pour eux.
Une aventure collective avant tout
J’ai souvent répété que l’essentiel quand on franchissait l’entrée de nos campus, c’était de se dire quoi qu’il arrive : « Quelle chance j’ai d’être là, de faire partie de cette aventure ! ». Je l’ai dit parce que j’avais constaté que l’immense majorité éprouvait cette même émotion chaque matin quasi naturellement. Je me suis dit alors : « Si moi qui viens d’arriver à l’UCLy, je n’éprouve pas cela chaque matin, si j’ai le syndrome du mercenaire qui se dit « Quelle chance ils ont de m’avoir », ça ne va pas bien se passer. » Le meilleur et le premier des services que je peux vous rendre, c’est d’être dans les sentiments du psaume 133 et vous inviter à les partager avec moi : « Ecce quam bonum et quam juncundum habitare fratres in unum » (Qu’il est bon et agréable pour des frères de demeurer ensemble). Si je devais après un an de présence ici résumer mon rapport d’étonnement, je dirais que l’UCLy est d’abord et surtout un collectif humain extraordinaire et permettez-moi d’y inclure nos étudiants et tous ceux qui franchissent nos seuils. Nous avons une communauté formidable, enseignants, enseignants-chercheurs, personnels administratifs et techniques, et autant de lieux habités par leur âme et leur présence. Il est bon et agréable d’être membre d’une telle famille et de se sentir chez soi à l’UCLy.
Notre sens du collectif est un patrimoine précieux patiemment constitué depuis 1875. L’université médiévale n’ignorait rien du principe d’autorité, mais il ne signifiait pas pour elle une séparation d’intention ou d’objet. Enseignants et étudiants formaient non pas deux communautés mais un seul corps ; de même, aucun savoir n’était le tout du savoir. Une telle ambition demande beaucoup de sagesse et de noblesse, beaucoup d’estime mutuelle et d’ouverture d’esprit. Tout cela s’apprend sur le tas, dans les amphis, dans les labos, dans les bureaux, au restaurant universitaire, à la BU, à la chapelle, et tout particulièrement dans les relations que nous cultivons avec les acteurs de la société.
Fidélité, engagement et ouverture à la société
En s’adressant aux partenaires de la société civile, le Recteur souligne : « Les 150 années de fidélité à sa mission, l’UCLy vous les doit autant qu’à elle-même. »
Il appelle à poursuivre ensemble cette aventure au service d’une université “accueillante et singulière, exigeante et fière, et surtout libre”.
Je voudrais justement m’adresser à vous tous qui représentez la société dans sa beauté et sa richesse. Votre présence et votre soutien n’ont jamais manqué à notre institution. Les 150 années de fidélité à sa mission, l’UCLy vous les doit autant qu’à elle-même. Je vous demande de vous tenir à nos côtés plus que jamais dans les temps qui viennent. Demandez-nous ce que vous pourriez faire avec nous et pour nous. Construisons ensemble l’UCLy des décennies à venir, accueillante et singulière, exigeante et fière, et surtout libre, l’esprit critique chevillé au corps, capable de conjuguer le meilleur des sciences humaines et sociales avec les sciences du vivant et de la santé, capable d’innover avec nos entreprises, capable de donner à la Cité les talents et les acteurs dont la France et l’Europe ont cruellement besoin.
Former les générations à venir : entre exigence et espérance
Le Recteur conclut sur un appel à préparer la relève dans un monde en mutation :
« Nous devons préparer la relève, former les talents, susciter les héros qui prendront toute leur part de service et de don de soi. »
Nous devons accentuer sans naïveté notre présence à l’histoire et notre réponse académique et scientifique aux grands enjeux contemporains. La guerre n’est pas seulement à nos portes. Si le retour du tragique semble nous épargner encore, il est bien là. Sans déni ni catastrophisme, nous devons nous préparer à des temps qui exigeront des êtres humains moralement et intellectuellement, j’ose le dire, plus et mieux équipés que les générations d’après-guerre. Nous devons préparer la relève, former les talents, susciter les héros qui prendront toute leur part de service et don de soi dans un contexte de plus en plus divisé, polarisé et sujet aux violences de toutes sortes, stimuler l’émergence d’hommes et de femmes qui conjugueront la protection du vivant et la promotion de l’humain y compris dans son désir de profondeur et d’intériorité, oui y compris dans son désir de profondeur et d’intériorité.
Je vous remercie.
P. Grégory WOIMBÉE
Recteur de l’UCLy
Pour l’UCLy, l’année académique 2025-2026 est un moment de mémoire, mais aussi d’innovation. En 150 ans, l’UCLy s’est imposée comme un acteur majeur du paysage académique lyonnais et prouvé l’efficacité d’une recette unique conjuguant excellence académique, accompagnement de proximité et approche pluridisciplinaire au cœur de la formation. L’UCLy regarde encore et toujours vers l’avenir avec pour objectif de mêler innovation et fidélité à sa tradition humaniste, de continuer à marier sciences et humanités.