Ali Mostfa obtient son HDR

Ali Mostfa, enseignant-chercheur du groupe de recherche 3 - Culture(s), langue, imaginaires de l’Unité de Recherche CONFLUENCE : Sciences et Humanités a soutenu son habilitation à diriger des recherche en sociologie, le lundi 30 juin 2025, à l’Université de Lorraine.

Il a soutenu un mémoire inédit intitulé « Islam de France ». Enjeux et défis d’une construction normative devant un jury de 7 experts de haut rang, pendant plus de 4 heures. Cette soutenance a abouti à l’obtention de son HDR, plus haut diplôme délivré par l’État français. Une belle réussite qui témoigne de la grande qualité de ses travaux de recherche !

Composition du jury

  • M. BOUBEKER Ahmed (rapporteur), professeur des universités, sociologie, Université Jean Monnet, Saint-Étienne
  • M. FREGOSI Franck (Président), directeur de recherche au CNRS, sciences politiques, unité PRISME (Université Robert Schuman), Strasbourg,
  • M. GALLORO Piero (Garant), professeur des universités, sociologie, Université de Lorraine,
  • M.SENIGUER Haoues (rapporteur), maître de conférences HDR, Sciences Po Lyon
  • M. POCHE Fred, professeur émérite, philosophie contemporaine, Université Catholique de l’Ouest,
  • Mme SAAIDIA Oissila (rapporteur), professeure des universités, histoire, Université Lumière Lyon 2
  • Mme TORREKENS Corinne, professeure, sociologie des religions, Université libre de Bruxelles

Résumé du mémoire

Les dossiers qui composent l’Habilitation à diriger des recherches, intitulée « Islam de France ». Enjeux et défis d’une construction normative, articulent leur analyse autour de deux entrées complémentaires : d’une part, l’« Islam de France » en tant que catégorie politique et dispositif de gestion institutionnelle du religieux ; d’autre part, l’islam en France, appréhendé comme champ d’expériences sociales, de pratiques plurielles et de productions culturelles et discursives situées.

Première entrée

La première entrée examine la genèse, la structure et les effets du cadrage de l’islam sous le vocable d’« Islam de France ». Inscrit dans une logique de régulation étatique, ce processus vise à encadrer les pratiques religieuses tout en les inscrivant dans les valeurs de la laïcité et les normes de l’espace public. L’analyse met en lumière les tensions constitutives de cette construction normative, entre volonté d’inclusion institutionnelle et dynamique de contrôle administratif. Pour éclairer ces logiques, l’étude mobilise les outils du constructivisme social de Peter Berger et Thomas Luckmann ainsi que ceux de l’interactionnisme symbolique de Herbert Blumer, afin de décrire les processus de légitimation, d’institutionnalisation et de production de normes à travers des interactions entre acteurs politiques, religieux et associatifs.

Seconde entrée

La seconde entrée s’intéresse aux formes plurielles de présence musulmane dans la société française, en dehors ou à la marge des dispositifs institutionnels. Elle examine des expressions culturelles, narratives et littéraires qui donnent à voir d’autres modalités d’appartenance à la culture islamique, en lien avec les parcours biographiques, les héritages familiaux et les engagements. Ces formes d’expression, souvent discrètes ou périphériques, participent à la reconfiguration de l’expression de l’islam par ces acteurs et échappent à la grille de lecture institutionnelle dans l’espace social. Le corpus littéraire analysé constitue ainsi un terrain privilégié pour penser la diversité des vécus musulmans et la façon dont ceux-ci prennent langue dans des registres symboliques variés.

Intersection des perspectives

À l’intersection de ces deux perspectives, le dossier mobilise des approches foucaldiennes, notamment autour de l’enjeu du pouvoir, afin d’analyser les configurations discursives dans lesquelles se construisent les rapports de savoir, de pouvoir et de langage autour des discours sur l’islam. Ces outils permettent d’interroger la manière dont certaines représentations du religieux acquièrent une légitimité institutionnelle, produisent des effets de normalisation et tracent les limites du dicible dans l’espace public. Ils permettent également d’interroger la production des catégories de visibilité et d’intelligibilité du religieux, les modalités de subjectivation et les logiques de gouvernementalité à l’œuvre. Le recours à Erving Goffman (présentation de soi) et à Pierre Bourdieu (marché linguistique, pouvoir symbolique) complète cette analyse en mettant en lumière les mécanismes sociaux de différenciation, de légitimation et de classement.

Loin de proposer une lecture binaire, ce travail met en évidence la complexité des relations entre l’« Islam de France », comme modalité institutionnelle de gestion du religieux, et l’islam en France, comme réalité vécue, mouvante et hétérogène. Il approche les tensions, les ajustements et les redéfinitions mutuelles à travers lesquels s’élabore une présence musulmane inscrite dans la société française contemporaine, au croisement du politique, du symbolique et de l’intime.

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