Un Lyonnais au parcours singulier
Né le 27 novembre 1903 dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, issu d’une famille de soyeux, Joseph Folliet semblait destiné à suivre la tradition familiale. Mais après sa scolarité à l’Externat Sainte-Marie, il s’orienta vers des études de théologie au séminaire des Carmes, avant de choisir, sur les conseils de son directeur spirituel, de rester laïc pour se consacrer à l’apostolat social.
Passionné par la pensée chrétienne et les sciences sociales, il obtint une licence d’histoire en 1926 et se rapprocha du mouvement du catholicisme social. Dans les années 1930, il devint journaliste et succéda à Marius Gonin à la direction de la revue Chronique sociale de France.
Un acteur de la vie intellectuelle et spirituelle
Voyageur et homme de foi, Joseph Folliet fut marqué par un séjour à Assise, d’où il rapporta le message franciscain qu’il diffusa à travers les Compagnons de Saint-François, une organisation laïque tournée vers la simplicité et le service.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, après deux ans de captivité, il s’engagea dans la Résistance, participant à la diffusion clandestine de Témoignage chrétien.
En 1945, il cofonda La Vie catholique illustrée avec Georges Hourdin et collabora régulièrement au journal La Croix.
Homme de conviction, il s’opposa publiquement à l’usage de la torture pendant la guerre d’Algérie et s’engagea activement dans les initiatives d’aide au développement, notamment à travers le programme « Croissance des jeunes nations » fondé en 1961 avec Gilbert Blardone.
En 1962, il fut nommé expert au concile Vatican II, avant d’être ordonné prêtre en 1968 par Mgr Ancel, dans la communauté du Prado à Limonest, où il mourut le 13 novembre 1972.
Un enseignant et chercheur visionnaire à Lyon
Dès 1943, Joseph Folliet enseigna la sociologie aux Facultés catholiques de Lyon, où il contribua à fonder un enseignement social ancré dans les réalités contemporaines. Il devint secrétaire général de l’Institut social créé en 1944 par Emmanuel Gounot, et y soutint trois doctorats — en philosophie, en sciences sociales et en théologie — entre 1932 et 1969.
Ses travaux explorent les grands défis du XXᵉ siècle : la décolonisation, la doctrine sociale de l’Église, la communication et l’éthique de l’information, ou encore le dialogue franco-allemand.
Élu en 1952 à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Lyon, il demeure une figure emblématique du christianisme social, conjuguant réflexion intellectuelle, engagement civique et fidélité à l’Évangile.


