La réforme de Pie XI : un tournant pour les universités catholiques
La création de la Faculté de Philosophie à l’Université catholique de Lyon est directement liée à la promulgation, le 24 mai 1931, par le pape Pie XI, de la Constitution apostolique Deus Scientiarum Dominus (« Dieu maître des sciences »).
Cette réforme, qui concerne toutes les universités et facultés dépendant du Saint-Siège, impose une réorganisation profonde des facultés canoniques. Elle rend obligatoire l’ouverture, dans chaque université catholique, d’une Faculté de Philosophie et d’une Faculté de Droit canonique.
Jusqu’alors, la philosophie était enseignée au sein de la Faculté de Lettres, qui abritait depuis sa fondation en 1877 une Chaire de philosophie, et figurait aussi au programme obligatoire des étudiants en théologie. La réforme pontificale permet à cette discipline de trouver enfin un cadre institutionnel propre.
Les débuts : une philosophie centrée sur saint Thomas
En 1932, la Faculté de Philosophie est officiellement inaugurée. Ses enseignements sont d’abord marqués par la référence à la philosophie scolastique, et en particulier à la pensée de saint Thomas d’Aquin, modèle privilégié de la réflexion catholique de l’époque.
Régis Jolivet : ouverture et structuration (1933–1961)
La faculté prend son essor sous le décanat du philosophe Régis Jolivet (1891–1966), qui assure la direction de 1933 à 1961. Auteur d’ouvrages de référence, Jolivet donne une forte impulsion académique à la faculté :
- Il élargit les enseignements au-delà du thomisme, ouvrant la réflexion aux courants philosophiques modernes et contemporains.
- Il crée deux sections distinctes :
- une section destinée aux laïcs, préparant aux diplômes d’État ;
- une section réservée aux clercs, inscrits dans un cursus canonique.
Cette double structuration permet à la faculté de répondre aux exigences à la fois ecclésiales et civiles.
René Le Trocquer : consolidation et coopération (années 1960–1970)
Dans les années 1960, le doyen René Le Trocquer poursuit le travail de structuration. En 1970, il fonde l’IREP (Institut de Recherche et d’Enseignement Philosophique), destiné à donner une assise solide à l’enseignement philosophique de l’UCLy.
L’IREP délivre à la fois :
- des diplômes canoniques pour les clercs ;
- une licence pour les étudiants laïcs, préparée en parallèle à l’Université de Grenoble.
Cette convention, conclue avec une université publique, est une première historique : elle marque l’ouverture de l’UCLy à des partenariats institutionnels durables et renforce la reconnaissance académique de sa faculté de philosophie.