Un projet né du catholicisme social
Au début du XXᵉ siècle, le catholicisme social lyonnais est en pleine effervescence. Inspirés par l’encyclique Rerum Novarum (1891), qui posait les bases de la doctrine sociale de l’Église, des militants lyonnais s’emploient à penser une réponse chrétienne aux bouleversements de la société industrielle.
C’est dans ce contexte que Marius Gonin, fondateur de la Chronique sociale, et Adéodat Boissard, juriste et militant, lancent en 1904 à Lyon les premières Semaines sociales de France.
Une « université d’été » avant l’heure
Dès leur origine, les Semaines sociales se présentent comme une université d’été itinérante, ouverte à tous :
- étudiants, intellectuels, prêtres et laïcs ;
- ouvriers, militants et acteurs sociaux.
L’objectif est clair : diffuser la pensée sociale chrétienne et former des militants capables de débattre des grandes questions sociales. Chaque session alterne conférences, débats, ateliers et temps d’échanges, dans une atmosphère à la fois studieuse et fraternelle.
Former pour agir
Les thématiques abordées reflètent les préoccupations de l’époque :
- les droits et devoirs des travailleurs et des employeurs,
- la question de la propriété et du salaire juste,
- la condition des femmes et des enfants,
- le rôle de l’État et des corps intermédiaires,
- la place de l’Église dans le monde social.
L’ambition des fondateurs est de former une élite de conscience : des hommes et des femmes capables d’éclairer les débats publics et d’agir concrètement dans leurs milieux professionnels et associatifs.
Une institution qui s’enracine
Le succès des premières rencontres lyonnaises entraîne rapidement la pérennisation de l’initiative. Chaque année, les Semaines sociales se déplacent dans une autre ville française, élargissant progressivement leur audience et leur influence.
Au fil du temps, elles deviennent un véritable lieu de rencontre entre l’Église et la société, un espace où se croisent militants sociaux, universitaires, responsables politiques et acteurs de terrain.
Héritage et rayonnement
Plus d’un siècle après leur fondation, les Semaines sociales de France continuent d’exister. Leur mission reste la même : mettre en dialogue la foi chrétienne et les grands enjeux de société.
La première édition, en 1904 à Lyon, reste donc un jalon fondateur. Elle illustre la fécondité du catholicisme social lyonnais et son rôle moteur dans la mise en place de lieux de formation et de débat au service du bien commun.