Fondation de la Chronique sociale à Lyon : un levier du catholicisme social

En 1892, Marius Gonin fonde la Chronique sociale à Lyon. Lieu de formation, de recherche et d’édition, elle diffuse la doctrine sociale de l’Église.

Contexte et créations : une réponse à Rerum Novarum

En 1892, à Lyon, le journaliste et militant catholique social Marius Gonin — avec Victor Berne — fonde la Chronique sociale (initialement Chronique des comités du Sud-Est), qui se donne pour mission de diffuser la pensée de l’encyclique Rerum Novarum (1891) du pape Léon XIII. Cette encyclique marque la naissance de la doctrine sociale de l’Église, en appelant à une troisième voie entre socialisme radical et libéralisme sauvage.

La Chronique sociale se conçoit comme un organisme de formation, un lieu d’échange, de débat, de recherche, et une maison d’édition — une structure hybride à la croisée du terrain et de la théorie sociale chrétienne.

Une dynamique de formation et d’animation sociale

Très tôt, des Cercles d’études sont créés à Lyon — à Bellecour, Brotteaux, Croix-Rousse — pour permettre à tous (jeunes, ouvriers, citoyens) de réfléchir aux enjeux sociaux de leur temps : « On ne naît pas citoyen, on le devient par l’étude et la réflexion »

En 1904, la Chronique sociale, avec Adéodat Boissard, lance les Semaines sociales de France : une université d’été itinérante autour des questions sociales (travail, rôle de l’État, condition féminine, économie...), lieu de rencontres entre militants, intellectuels et acteurs sociaux.

Une institution structurée et reconnue

Juridi­quement, la Chronique sociale fonctionne selon deux entités complémentaires :

  • Une association loi de 1901 pour la formation et la recherche,
  • Une SARL pour l’activité éditoriale, créée en 1920 — toutes deux articulées autour d’un même projet

Elle publie dès ses débuts des comptes rendus, des dossiers de réflexion et des ouvrages — favorisant ainsi la diffusion des idées sociales chrétiennes.

Joseph Folliet : une direction marquante (1937–1964)

Après la disparition de Marius Gonin en 1937, Joseph Folliet, prêtre, sociologue et professeur à l’UCLy, en prend la direction. Il restera à la manœuvre jusqu’en 1964, et demeure lié à l’institution jusqu’à son décès en 1972 .

Folliet donne à la Chronique une forte impulsion intellectuelle et humaine : il participe activement à la création du journal Témoignage chrétien (1944) et de La Vie catholique illustrée (1945).

Héritage et actualité

La Chronique sociale a joué un rôle central dans le catholicisme social et dans l’essaimage de pratiques de réflexion citoyenne et de formation populaire.

Elle est à l’origine des Semaines sociales, qui demeurent à ce jour des forums incontournables pour penser les enjeux sociaux, inspirés par la tradition chrétienne.