1885 — La création d’un enseignement supérieur féminin

Le contexte national : les premiers pas vers l’université

L’intégration des femmes dans l’enseignement supérieur en France s’amorce dès 1861, quand Julie-Victoire Daubié est admise à la Faculté des lettres de Lyon, devenant ainsi la première femme bachelière.
La loi Camille Sée du 21 décembre 1880 marque une étape majeure en instituant un enseignement secondaire public féminin, mais elle ne prépare pas au baccalauréat, limitant encore l’accès des jeunes filles à l’université.

En 1885, l’État crée un enseignement supérieur féminin sous forme de cours rattachés aux facultés de lettres et de sciences. Ces enseignements, distincts de ceux des étudiants masculins, traduisent une reconnaissance nouvelle du droit des femmes à une culture intellectuelle supérieure, mais sans leur donner encore une pleine égalité académique.

Dès 1910, les femmes représentent environ 10 % de l’effectif des universités françaises, dont la moitié sont des étudiantes étrangères.

L’expérience lyonnaise et l’UCLy

À Lyon, cette évolution résonne de manière particulière, puisque l’Université catholique, fondée en 1875, est rapidement concernée par la question de la formation féminine.
Dans un premier temps, l’UCLy propose des conférences de culture générale ouvertes aux jeunes filles. Ces initiatives, encore périphériques par rapport aux cursus masculins, témoignent d’une volonté d’associer les femmes à la vie intellectuelle universitaire.

À partir de 1909, ces conférences se transforment en véritables cours, explicitement destinés à préparer les jeunes filles au baccalauréat, notamment en vue d’embrasser une carrière dans l’enseignement. Comme l’établissement n’est pas mixte, ces cours sont organisés dans des lieux distincts :

  • d’abord au 10 rue de la Charité,
  • puis au 2 rue Sainte-Hélène.

Une ouverture progressive

Cette mise en place illustre le double mouvement qui traverse la société française et l’UCLy :

  • une ouverture croissante des savoirs aux femmes, qui trouvent enfin une place dans l’enseignement supérieur ;
  • mais aussi une séparation persistante, puisque les cursus féminins restent spécifiques et souvent orientés vers l’enseignement et les disciplines littéraires.

L’accueil des jeunes filles dans les locaux de l’UCLy témoigne de la volonté de l’Université de conjuguer son identité chrétienne avec les mutations éducatives de son temps, en favorisant la formation intellectuelle et professionnelle des femmes.