XIII-2 - La dignité en ses discours (2008)

Revue des Facultés de Théologie et de Philosophie

Résumés des articles du second volume du 13ème tome de la revue Théophilyon

Emmanuel Gabellieri - "Droits de l'homme" et "obligations envers l'être humain" (S.Weil) - Métaphysique et politique de la diversité humaine

Participant juste avant sa mort à Londres en 1943, aux projets de nouvelle constitution envisagés pour l'après guerre par la France libre, S.Weil proposait de fonder ce texte, non sur une nouvelle déclaration des « droits », mais sur une déclaration des « obligations envers l'être humain ». C'était pour elle la seule manière radicale d'échapper, d'une part à l'individualisme latent dans la déclaration des droits de 1789, d'autre part à l'absolutisation totalitaire du « nous » collectif qui en a été l'alternative. Ces dangers étant encore ceux du XXI e s., une telle réflexion reste précieuse pour fonder la dignité humaine sur le désir du Bien présent en chaque homme, dans lequel S.Weil voyait un rapport implicite à la transcendance divine.

Guy Aurenche - La dignité : modernité et avenir d'un concept

À toutes les époques et dans toutes les cultures a été vantée la valeur supérieure de l'être humain. Les messages émis à ce sujet par les diverses civilisations sont très variés,  mais ils se rejoignent dans des appels à valoriser la personne, prise seule ou en groupe. Le concept de dignité a été formulé philosophiquement par certains courants de pensée. Comment appréhender ce concept qui dit la grandeur, l'Au-delà, le caractère sacré de la personne humaine ? La dignité proclamée et reconnue formellement s'incarne dans une relation, dans des gestes, dans un regard. Dans un même mouvement, la dignité de l'émetteur de ce signe et celle de son  destinataire est révélée. Face aux épreuves des violences extrêmes perpétrées le siècle dernier, le concept de dignité est aujourd'hui repris dans les textes juridiques de portée mondiale. Ceux-ci formulent des droits et des devoirs, des interdits et des obligations qui s'imposent à tous. Curieusement ces déclarations officielles reposent sur un "acte de foi", un choix, un "pari". La famille humaine est alors invitée à dialoguer afin de donner des contenus précis et universels à des notions générales. Le "besoin" de dignité qui remonte à la nuit de l'humanité se révèle absolument nécessaire et bénéfique pour une Humanité qui prend conscience, dans un même temps de son unité et de ses capacités totalitaires de destruction. 

Pierre Davienne - La dignité humaine

La dignité  est souvent perçue comme la capacité à garder une certaine intégrité de la personne humaine. Or la rencontre des familles du Quart-Monde nous oblige à la concevoir comme un absolu lié à la vie elle-même. Au bord de la destruction, il y a contestation radicale de tout ce qui sépare les humains. Incapable de s'auto-justifier, le plus faible exige la parole bienveillante d'un autre pour manifester cette absolue dignité. Avec Daniel, un homme du Quart-Monde et quelques autres, nous cheminerons entre événements et réflexions à la recherche d'une humanité fraternelle.

Joseph Yacoub - La notion de dignité en droit international - Quel statut pour la minorité chrétienne d'Irak ?

La notion de dignité est consacrée par le droit international. C'est sur elle que repose le fondement des diverses catégories des droits de l'homme. C'est une valeur intrinsèque, universelle, intangible et indérogeable quelles que soient les circonstances. C'est aussi une règle de droit qui exige le respect dû à la personne humaine indépendamment de toute détermination. Cette exigence vaut, il va de soi, pour les individus, mais aussi pour les communautés particulières comme les nations, les ethnies, les tribus, les peuples, les minorités et les peuples autochtones ; car ce qui est vrai pour la personne humaine, l'est également pour les communautés. Comme il existe une dignité individuelle et une autonomie propre à chacun, il existe aussi une dignité collective et une autonomie propre à chaque peuple, c'est-à-dire sa liberté d'option sans pression extérieure. Les peuples ont des traditions culturelles, un patrimoine matériel et immatériel et des pratiques sociales et religieuses qu'il faut respecter en toute circonstance indépendamment de tout prisme réducteur, de tout présupposé et de tout désir d'hégémonie. Cela se traduit par une diversité d'approches et peut, dans sa mise en forme, se décliner différemment comme c'est le cas avec l'Irak (Mésopotamie)  ancien et moderne. Quel est donc le statut des chrétiens en Irak aujourd'hui ?

Olivier Pétré-Grenouilleau - Le bien, le mal et le massacre des innocents : le cardinal Lavigerie et la rhétorique de sa "croisade africaine" (1988)

En 1888, à la suite de l'Encyclique In Plurimis du pape Léon XIII, le cardinal Lavigerie lance sa « croisade africaine ». L'analyse de trois discours prononcés par lui cette même année permet d'entrer dans une rhétorique abolitionniste destinée à replacer l'Église catholique à la tête d'un combat auparavant surtout mené par les protestants. La thématique de l'urgence y est mobilisée afin de justifier une sorte de nouvelle guerre sainte, laquelle, relents anti-islamiques alors en plus, rappelle certains traits des discours actuels relatifs au droit d'ingérence.

Pierre Gire - Pour une métaphysique de la dignité humaine

Dans l'histoire de la pensée occidentale, la question de la dignité humaine apparaît inséparable de l'affirmation de la raison en l'homme. Cette position ne va pas sans difficulté car elle réfère la dignité à une anthropologie surdéterminée par la rationalité. Sans doute est-il possible par la mise en perspective de l'être, de la vie et de l'esprit d'élaborer les lignes de force d'une métaphysique de la dignité où se trouve englobée, comme une modalité, la dimension rationnelle de l'homme. Cette métaphysique de la dignité a des implications éthiques fondamentales qui sont à honorer pour respecter, protéger et soutenir l'humanité de tout humain.

Christian Pian - Une théologie de la présence de Dieu au monde pour penser les exigences de l'éthique sociale : découvrir ou redécouvrir H. Richard Niebuhr

Théologien et éthicien original, H. Richard Niebuhr (1894-1962) illustre de façon exemplaire ce que peut être une éthique théologiquement fondée, pour penser ce monde, y trouver sa place et tenter d'y agir comme chrétien et en Église dans les sociétés qui sont les nôtres. Parmi les grands thèmes qui traversent l'œuvre de H. Richard Niebuhr, il en est trois qui sont particulièrement centraux et en étroite relation : ce que le théologien nommait une « théorie chrétienne de l'histoire », la foi en un Dieu souverain envisagé du point de vue d'un monothéisme radical, et une éthique de la réponse résultante. Le fond de la théologie de la présence de Dieu au monde de Niebuhr réside bien dans cette structure triadique dans laquelle la fonction première d'une théorie de l'histoire est d'assurer le lien entre la foi et l'éthique. C'est sur cet arrière plan que seront évoqués les impacts de la pensée théologique de l'auteur dans son approche de l'éthique sociale.

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