X-2 - Le christianisme dans les cultures (2005)

Revue des Facultés de Théologie et de Philosophie

Résumés des articles du second volume du 10ème tome de la revue Théophilyon

Agnès Kim, Mi-jeung - La question de l’universalité chrétienne entre Occident et Orient

La question de l'universalité chrétienne est souvent traitée dans le milieu théologique occidental ces dernières années. C'est sans doute par besoin d'assurer la pertinence de l'universalité du christianisme dont l'image sociale est devenue incertaine à cause du défi de la modernité et des autres religions. Pour le milieu non-occidental, cette question évoque plutôt la volonté hégémonique' de jadis et provoque une réaction de repli dû à la confusion entre universalisme et globalisation - la globalisation étant incapable de respecter les particularités bien qu'elle implique une dialectique des principes opposés, global et local. Face à ces appréhensions, nous devons rappeler d'une part que l'universalité chrétienne est une valeur qui ne peut être acquise définitivement. D'autre part, il faut se garder de se fonder sur une logique de défense identitaire. La pluralité est un facteur constitutif de la perspective chrétienne. La dynamique de la foi christique donne une cohésion nouvelle à des éléments culturels sans détruire leur particularité. Dans le contexte asiatique, le message évangélique traverse, selon le principe incarnationel, la couche culturelle forgée d'une vision plutôt holistique et immanente. En faisant place aux discours qui proviennent de ce milieu, n'apprendra-t-on pas à écouter le Verbe qui maintient le christianisme ouvert à sa valeur universelle, et ainsi cette valeur peut offrir des appuis pour combattre les dommages liés à la globalisation ?

Michel Fédou - Le Verbe de Dieu et l'universel chrétien : l'héritage de la tradition patristique

On a souvent fait valoir que les Pères de l'Église avaient pris appui sur le logos grec pour défendre l'universalité du christianisme : tantôt on y a vu le signe d'une remarquable ouverture vis-à-vis des «nations», tantôt au contraire on y a vu le signe d'une attitude ambiguë, voire même d'une dangereuse compromission qui portait atteinte au vrai message de l'Évangile.

Il importe d'autant plus de relire la manière dont les Pères ont abordé la question de l'universel dans la situation culturelle et religieuse de leur propre temps. Plus précisément, d'analyser comment leur compréhension de l'universel s'articule sur leur doctrine au sujet du Verbe de Dieu. Il faut pour cela s'arrêter sur les Pères apologistes et d'abord sur Justin, chez qui se rencontre la fameuse expression des « semences du Logo ». L'exposé s'attache également au débat d'Origène avec le philosophe Celse, un débat qui oppose deux conceptions divergentes de l'universel (et, corrélativement, deux conceptions divergentes du Logos). La question a été reprise après le « tournant constantinien » : sans ignorer les dérives auxquelles ont donné lieu certaines apologies de l'Empire chrétien, on montre comment la référence au Verbe de Dieu, bien comprise, a pu fonder une authentique conception de l'universalité chrétienne.

Claude Prudhomme - L’inculturation : réponse à l’universalisation du christianisme ou mirage ?

Le concept d'inculturation s'est imposé dans la missiologie catholique des années 1970-1980, bénéficiant en quelques années d'un consensus quasi général chez les acteurs de la mission et d'une reconnaissance officielle dans le discours pontifical depuis 1979. Notre propos vise d'abord à rappeler l'origine du terme et ses acceptions successives. Nous retraçons ensuite les étapes à travers lesquelles s'est opéré le ralliement des acteurs de la mission, d'abord sous l'impulsion de la compagnie de Jésus, puis avec l'appui des institutions universitaires romaines et de la congrégation pour l'Évangélisation des peuples. Nous nous interrogeons enfin sur les enjeux et les ambiguïtés de cette apparente unanimité. En conclusion nous nous demandons si l'inculturation permet de surmonter les difficultés antérieures nées de la confrontation du christianisme avec les cultures non occidentales ou de dépasser les questions provoquées par la sécularisation de la culture occidentale.

Lucien Legrand - Universel biblique et Jésus-Christ - Un point de vue biblique indien

Occident, Inde, Bible : trois mondes culturels ; trois approches différentes du problème de l'Universel. Pour la pensée issue du monde Grec c'est la question de l'Un et du Multiple dans un regard encyclopédique. Pour l'Inde c'est la recherche du Réel profond, Sat, Brahman, dans une quête d'intériorité. Pour Israël c'est d'abord le lien avec l'Unique dans un cadre d'Alliance (Dt 6,4) ; la visée universelle biblique est donc seconde (elle ne se dégage qu'à mesure qu'Israël perçoit les Nations) et elle demeure eschatologique, réservée pour « ces jours-là » .

Tant l'Inde que l'Occident se heurtent à l'antinomie entre le Jésus de l'histoire, Juif du 1er siècle limité par le temps, l'espace et les possibilités humaines et le Christ ressuscité plénitude universelle (Col 1,15-19). Mais la Bible n'oppose pas Jésus de Nazareth et le Christ universel. Jésus est Christ et Christ est Jésus. La dialectique est plutôt de l'ordre du « déjà là-pas encore là », de la plénitude eschatologique advenue et encore à venir. Jésus vit cette dialectique : ses « signes » révèlent la « gloire » à venir (Jn 2,11) tout en n'étant que signes.

Le chrétien vit cette dialectique en foi et espérance. Jésus est Vérité et Chemin. Non pas Vérité que l'on possèderait : l'Unique reste l'Autre, au-delà de toute saisie. Sur le Chemin du Christ, nous rencontrons, en dialogue, d'autres pèlerins des Nations, mus aussi par l'Esprit.

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