Projet phare 2020 - 2025 - Pôle 4

« Le corps signifiant : lieu et expression de vulnérabilité »

Le pôle 4 se donne pour objectifs de développer des recherches pluridisciplinaires qui participent à la compréhension des enjeux qui pèsent sur le corps ainsi qu'à son accompagnement lorsqu'un sujet (enfant, adolescent et/ou adulte) se trouve en situation de vulnérabilité au cœur de son environnement familial et social.

  • Le premier objectif de ce groupe consiste à étudier puis à théoriser la nature de ces enjeux en mettant en débat la pluridisciplinarité et la polyphonie conceptuelle des enseignants-chercheurs le constituant.
  • Le deuxième conduit à examiner la dimension praxéologique afin d'accompagner la personne en rassemblant et articulant autour d'elle, des dispositifs efficients allant du soin, à sa prise en charge sociale, juridique, et éducative.

Du point de vue méthodologique les travaux de ce groupe de déploieront autour des recherches-actions, des pratiques institutionnelles, des recherches académiques et des appels à projet mobilisant des enseignants-chercheurs de l’UCLy et issus d’autres universités, ainsi que des praticiens, des doctorants et des partenaires associatifs.

Question liminaire : Le corps enjeux et perspectives

La notion de corps en tant que point de capiton épistémologique convoque une diversité de champs disciplinaires : il ouvre et recouvre des champs très diversifiés qui repèrent, identifient, questionnent, et dialectisent le corps visible et invisible, le corps propre et le corps déshabité, le corps du délit comme le corps sanctifié, le corps sacré ou désacralisé, le corps abîmé, le corps morcelé, le corps réparé, le corps vivant et enfin le corps malade ou le corps du défunt…

Le corps « humain » est un objet très investi voire surinvesti dans la culture contemporaine : par les sciences humaines et sociales comme par le champ artistique poétique et littéraire ; surinvesti sur un plan narcissique au cœur de la société de consommation des individus «autonomes », au cœur des échanges et pratiques sociales . Il n'est pas réductible qu’à sa dimension biologique, ni à une création de la psyché et à l'émanation exclusive de ses fantasmes. Cette notion vient articuler trois donnes inextricables : le biologique, le psychisme et le culturel (ou le socius). Le corps constitue une réalité qui s'impose, une scène, un langage, un lieu d'expression psychique et sociale, une mémoire, un objet de médiation, le siège du narcissisme, des émotions, de l'histoire de l'infantile, un objet de relation de soi à soi et de soi à l'autre. Il est porteur de signifiants, des traces familiales, généalogiques, historiques , sociales des influences du social ainsi que de notre socialisation. Il constitue un espace potentiel de création, de transformation, et de symbolisation.

  • Comment définir plus finement le corps du point de vue psychique, philosophique, sociologique, anthropologique, juridique, politique, et médical?
  • Quelle est la multiplicité et la complexité des enjeux qui pèsent sur lui?
  • Qu'est ce que le corps ?
  • Qu’est-ce qui fait corps ?

Cette recherche multi-focale conduit le pôle 4 à s’engager dans plusieurs axes de recherche où le registre du corps, du langage corporel, de l'acte, de l'agir et de l’axe sensorimoteur sont majoritairement surinvestis.

1 - Les enjeux qui pèsent sur sujet confiné puis « déconfiné » en période de pandémie.

Ce projet souhaite étudier les effets du confinement puis du déconfinement lors de cette période inédite ouverte par le Corona virus et la pandémie qui a vu plus de la moitié des humains de la planète confinés durant de nombreuses semaines. Des sujets ont dû renoncer à toute vie sociale, obéir à l’injonction du « reste chez toi », ou « restez chez vous ». Quelles conséquences sur le psychisme, et pas moins, le corps physique ? Quels effets pour l’enfant, l’adolescent, le sujet « adulte », l’actif ou le retraité ? S’agit-il pour autant d’éviter l’autre ?. Qu’implique pour le sujet ne plus pouvoir toucher, percevoir physiquement, sensoriellement, le corps de l’autre ? Quelle forme d’altérité, de lien à l’autre devient possible quand le corps est distant ? Absent ? Tenu à l’écart ?

Nous interrogeons les incidences de la « distanciation sociale, les modalités de l'interaction sociale, modifiées en situation de confinement et à l’issue du déconfinement.

2 - Le rapport au corps dans les situations de douleur et/ou de souffrance.

L’expérience de soignants en milieu hospitalier de l’une d’entre nous, a montré que derrière une douleur chronique se cache une souffrance psychique. A l’instar de certains cas de fibromyalgie - maladie invisible qui se caractérise par des douleurs chroniques intenses et diffuses - ces travaux vont explorer le rapport de la douleur , à son expression psychosomatique de traumatismes ou de conflits mal vécus. Nous souhaitons engager des recherches pour repérer des facteurs susceptibles de prédisposer au passage de la chronicité et penser le soin de ces patients autrement que par une approche exclusivement médicale.

3 - Le poids du corps à l’adolescence en particulier dans les problématiques ordaliques

L’adolescence constitue un véritable observatoire de processus complexes et hétéromorphes. Elle confronte l’adolescent aux multiples enjeux que son corps condense et qui vont constituer sa préoccupation majeure. Ce corps devient pour lui un espace à identifier, le parchemin d’une histoire à lire, à déchiffrer et à s’approprier par un jeu d'expérimentation sensori-motrice multiples comportant parfois des mises en danger, une exposition au risque létal. Nos travaux viennent interroger le sens des problématiques ordaliques en particulier chez les mineurs migrants non accompagnés (MNA) contraints de quitter leur pays d'origine. Ces adolescents bravent le danger de mort, arrivent en France après avoir survécu à des expériences extrêmes. Afin de mieux les comprendre pour accompagner leur mouvement migratoire, ce ” rite de passage”, nous étudierons la notion de corps abîmé, souffrant, vulnérable, clandestin, survivant de ces adolescents en lien avec la dimension psychique, culturelle, politique, juridique, sociale, anthropologique, philosophique, éthique et littéraire.